Crise du logementLes maires européens cherchent à construire à tout-va
Face à la crise du logement qui touche de nombreuses villes européennes, les maires s'efforcent de construire davantage de logements pour répondre à la demande.

Que ce soit au Royaume-Uni, en Espagne ou en Allemagne, les logements abordables manquent.
AFPLe manque d’habitations et l’augmentation des prix touchent de nombreuses villes en Europe, où se loger relève du casse-tête ou du casse-tirelire, ce qui incite les pouvoirs publics à essayer par tous les moyens de construire davantage.
A Barcelone, deuxième ville d’Espagne, le logement est devenu la «deuxième préoccupation des habitants, juste derrière la sécurité», affirme David Martinez, directeur de l’urbanisme à la mairie.
«Il y a une pénurie de logements, surtout de logements abordables, et au cours des sept dernières années, les prix ont augmenté, que ce soit pour acheter un logement ou pour louer», explique-t-il.
Cette description vaut pour de nombreuses autres villes: à Londres, les loyers ont augmenté de 11% en 2024 et le nombre de personnes dormant dans la rue a bondi. A Berlin, déménager signifie voir son loyer doubler. A Paris, Londres ou encore Cardiff, les listes d’attente pour un logement social s’allongent.
A Rome, «des personnes qui pouvaient payer un loyer avant, jeune couple, famille avec enfants, se retrouvent en difficulté», rapporte Tobia Zevi, adjoint au maire en charge de l’immobilier public et des politiques de l’habitat.
Dans certaines villes, la pénurie est accentuée par la multiplication des logements proposés à la location touristique de courte durée, des résidences secondaires et des logements vacants.
Dans le quartier de l’Acropolis à Athènes, «90% des appartements sont des Airbnb», assure Ioannis Georgizas, président de l’agence de développement de la capitale grecque. Il explique que la municipalité essaie de «distribuer les flux touristiques» partout dans l’agglomération.
La mairie de Paris fait de son côté la chasse aux locations touristiques non autorisées et aimerait voir revenir sur le marché locatif les 128'000 logements vacants, qui représentent 9% du parc.
Plus définitif, le maire de Barcelone a annoncé il y a quelques mois la suppression de toutes les licences d’appartements touristiques en 2028. «Ce sont 10'000 logements qui vont revenir sur le marché», se réjouit David Martinez.
A Cardiff, la lutte du maire, Huw Thomas, pour accroître et préserver le parc de logements passe par le levier fiscal: une taxe foncière doublée pour les résidences secondaires et multipliée par quatre pour les logements vacants depuis trois ans.
«Urgence»
Pour tous ces responsables publics, c’est bien la construction neuve qui pourrait rendre l’accès au logement plus facile pour leurs administrés: 88'000 logements neufs voulus par an à Londres, 70'000 dans l’agglomération du Grand Paris, 200'000 à Berlin d'ici à 2040, un objectif de 60'000 sur les rares terrains restants à Barcelone.
Des quotas de logements sociaux ou abordables accompagnent ces nouvelles constructions, selon différentes modalités, pour les acheteurs ou les locataires.
Cependant, les coûts de construction ont fortement augmenté dans certains pays. «Nous imposons que tous les nouveaux projets contiennent 30% de logement social, et le reste est difficile à financer», indique Belit Onay, maire d’Hanovre.
Par manque de place, les municipalités étudient aussi les options de «redensification» urbaine, avec des surélévations sur les immeubles existants ou des reconversions de surfaces commerciales non utilisées.