CyclismePogacar n'est pas invincible. À Roubaix, Van der Poel oui
Le Néerlandais de 30 ans a remporté pour la 3e fois d'affilée l'Enfer du Nord. Il a vaincu son grand rival slovène à l'expérience.

Mathieu Van der Poel a fini par dégoûter son pote Tadej Pogacar.
AFPLe mythique Paris-Roubaix se joue souvent grâce au vécu, à la connaissance du terrain. Mathieu Van der Poel a su attendre son heure dimanche, sur le 3e Monument de la saison cycliste. Le petit-fils de Raymond Poulidor et son grand ami Tadej Pogacar étaient clairement les plus forts et, physiquement, rien ne semblait pouvoir les départager. Sauf que le Néerlandais connaît les pavés comme sa poche, alors que le Slovène n'avait participé à cette épreuve qu'à deux reprises, chez les juniors (30e et 13e). Depuis l'Italien Francesco Moser entre 1978 et 1980, plus personne n'avait réussi le hat trick parfait à Roubaix.
Les hostilités ont été lancées à plus de cent kilomètres de l'arrivée, par Pogacar lui-même. Le vainqueur du dernier Tour de France et des Championnats du monde de Zurich (il pouvait devenir le premier cycliste de l'histoire à gagner l'épreuve dans la foulée de la Grande Boucle) a remis l'ouvrage sur le métier dans la trouée d'Arenberg, puis à 46 km du but et une dernière fois alors qu'il restait 38 bornes jusqu'à l'arrivée. Il a essoré tous ses adversaires, sauf Van der Poel, forcément, qui était tranquillement dans sa roue quand «Pogi» s'est raté dans un virage à droite.
Le temps de se remettre sur la route, «MVDP» avait pris une vingtaine de secondes d'avance. Pogacar a tout donné pour essayer de revenir, avant de se faire une raison et de changer de bicyclette. Van der Poel, lui aussi, a été contraint de prendre une monture de réserve à l'entrée des vingt kilomètres, mais le prodige du Team Emirates n'avait plus la force de revenir, lui qui avait commencé depuis longtemps à «pédaler avec les oreilles». Tout juste le protégé du Tessinois Mauro Gianetti a-t-il réussi à sauver sa deuxième place sur la fin, à plus d’une minute de la victoire, dans une extrême souffrance.
Le podium a finalement été complété par le malchanceux Danois Mads Pedersen. Les Suisses, eux, y ont cru un moment grâce à Stefan Bissegger. Le Thurgovien de l'équipe Decathlon-AG2R a un temps suivi le bon coup, avec Van der Poel et compagnie, avant de craquer et de terminer dans un groupe de "viennent ensuite", à une excellente 7e place. Le «petit taureau» n'était encore jamais entré dans les vingt premiers de cet Enfer du Nord. Son compatriote Stefan Küng, lui, n'a pas été chanceux: toujours à contre-temps durant la course, il a chuté dans le final. Son coéquipier Johan Jacobs a fini 21e.
