DeepSeekLa Silicon Valley tremble face à l'IA chinoise à bas prix
Rivale chinoise de Chat GPT, DeepSeek ébranle la tech américaine, provoquant l'admiration, mais aussi des dégringolades à Wall Street.
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Le succès de DeepSeek fait vaciller la tech américaine.
AFPLa sortie de DeepSeek a initialement reçu une attention limitée aux États-Unis. Mais ce week-end, elle est devenue l'application gratuite la plus téléchargée sur l'App Store américain d'Apple, supplantant ChatGPT. R1 est «impressionnant», a déclaré lundi soir Sam Altman, le patron d'OpenAI. «Surtout étant donné ce qu'ils sont capables de fournir pour le prix», a-t-il ajouté sur X. Les capacités du nouveau modèle chinois, équivalentes à celles des leaders américains du secteur, inquiètent l'industrie parce qu'elles ont été obtenues à une fraction du coût.
La start-up affirme en effet n'avoir dépensé que 5,6 millions de dollars (5 millions de francs) pour le développer, une somme dérisoire comparée aux milliards investis par les groupes de la côte ouest américaine, notamment dans des composants de pointe.
«Moment Spoutnik»
«DeepSeek R1 est le moment Spoutnik de l'IA», a déclaré Marc Andreessen, investisseur réputé dans la tech, établissant un parallèle avec le lancement en 1957 du premier satellite par l'Union soviétique, qui avait stupéfié le monde occidental. Pour préserver leur statut dominant dans l'IA, les États-Unis ont imposé des contrôles à l'exportation des semi-conducteurs de pointe.
Entreprise chinoise, DeepSeek n'a ainsi pas accès aux puces chères et ultra-perfectionnées de la californienne Nvidia, utilisées pour entraîner les modèles d'IA générative tels que ChatGPT. «Si la Chine rattrape rapidement les États-Unis dans la course à l'IA, l'économie de l'IA sera bouleversée», a averti Kathleen Brooks, directrice de recherche chez XTB.
Nvidia a plongé en Bourse lundi, perdant près de 590 milliards de dollars de capitalisation. Satya Nadella, le patron de Microsoft, a affirmé sur les réseaux qu'une IA moins chère était bénéfique pour tout le monde. Mais à Davos, il avait appelé à «prendre très, très au sérieux les développements en provenance de Chine». Les performances de DeepSeek enchantent en revanche des start-up aux moyens plus limités, comme Perplexity AI. «DeepSeek R1 est désormais disponible sur Perplexity», a indiqué l'entreprise sur X lundi.
«Gosses de riches»
Les restrictions à l'exportation poussent les start-up chinoises à innover «en privilégiant l'efficacité et la collaboration», a souligné la MIT Technology Review. «Le travail de DeepSeek illustre comment de nouveaux modèles peuvent être créés» à l'aide de techniques différentes, «en s'appuyant sur des modèles largement disponibles et sur des puces entièrement conformes aux règlements sur les exportations», a déclaré à l'AFP une porte-parole de Nvidia.
Elon Musk, qui a abondamment investi dans sa société xAI, et le patron de ScaleAI, une start-up soutenue par Amazon et Meta, soupçonnent DeepSeek d'accéder secrètement aux puces H100 de Nvidia, les plus sophistiquées. Des accusations d'une «équipe de gosses de riches» qui s'est fait «doubler par une équipe de gosses de pauvres», a réagi sur X l'investisseur Jen Zhu Scott, basé à Hong Kong.