Défense de l'environnementLa militante «Klima-Shakira» a un mois pour quitter l'Autriche
L’Autriche a décidé d’interdire de séjour une militante du climat allemande, un geste inédit qui illustre le durcissement des mesures contre les activistes écologistes.
L’Office de l’immigration a prononcé une mesure d’interdiction de deux ans, invoquant «une menace à l’ordre public», selon la décision de fin mars consultée par l’AFP. Le ministère de l’Intérieur s’est refusé à tout commentaire sur l’affaire, tout en soulignant que chaque dossier était soumis à un «examen précis et objectif».
«C’est hautement problématique d’un point de vue démocratique», a déclaré lundi à l’AFP Anja Windl, 28 ans, rappelant qu’elle ne faisait pas l’objet de poursuites judiciaires.
«Nous nous dirigeons vers un effondrement de notre civilisation, mais au lieu d’en poursuivre les responsables, ce sont ceux qui se mobilisent de manière pacifique» contre le réchauffement climatique qui sont ciblés, s’indigne-t-elle.
Anja Windl a en théorie un mois pour quitter le pays mais elle va faire appel. Selon son avocat Ralf Niederhammer, c’est la première fois que l’Autriche interdit de séjour un activiste politique.
«Une organisation criminelle»
Arrivée en Autriche il y a sept ans, cette étudiante en psychologie surnommée «Klima-Shakira» dans les médias a régulièrement fait la Une des journaux pour avoir bloqué la circulation en se collant les mains sur le bitume.
Elle agissait au sein de l’ONG Letzte Generation (Dernière Génération) qui a multiplié en 2023 et 2024 les actions spectaculaires en Autriche et Allemagne voisine: grèves de la faim, jets d’encre sur des toiles de maître, intrusions dans des aéroports conduisant à l’interruption du trafic aérien, perturbations d’événements sportifs ou culturels...
Le collectif avait jeté l’éponge en août 2024 dans le pays alpin, après s’être heurté à la ferme réaction des pouvoirs publics. En Allemagne, Letzte Generation a récemment annoncé un changement de nom et de mode d’action, se rebaptisant «Neue Generationen» («Nouvelles Générations»).
Le parquet de Munich a demandé en mars le renvoi en justice de cinq activistes, accusés notamment d’avoir «formé une organisation criminelle».
Cette décision marque un palier dans le traitement judiciaire des agissements des militants écologistes, jusqu’ici condamnés à de simples amendes ou à quelques mois de prison pour des infractions moins graves de «trouble à l’ordre public» ou de perturbations de la circulation routière