FootballDemba Ba, l’homme qui a sonné la révolte
Footballeur engagé, l’attaquant sénégalais a mené la fronde des joueurs hier face au quatrième arbitre.

Demba Ba est sorti du banc de touche pour convaincre tous les protagonistes de quitter la pelouse.
AFPDans les souvenirs parisiens, Demba Ba était d’abord un bourreau. Celui d’une épopée européenne prometteuse, stoppée net en quart de finale de la Ligue des champions 2014. Ce soir-là, l’attaquant sénégalais avait inscrit – du tibia! – à la 87e minute le 2-0 pour Chelsea face au PSG, alors que le club parisien s’était imposé 3-1 à l’aller.
Demba Ba, depuis cette historique soirée du 8 décembre 2020, est désormais un héros. A Paris, et partout sur la planète football. C’est lui, le meneur de la fronde face au quatrième arbitre, coupable de propos racistes mardi soir.
Présent sur le banc de touche, l’attaquant de 35 ans était aux premières loges pour assister à la scène, lorsque le quatrième arbitre a employé le terme roumain «negru» pour désigner Pierre Webo, l’entraîneur assistant du club d’Istanbul Basaksehir.
Après avoir dit son fait au quatrième arbitre, Ba a incité ses partenaires à quitter la pelouse. «Venez on se barre», en français dans le texte.
Pour le natif de la région parisienne, les incidents de mercredi soir sont une preuve de plus du racisme ambiant dans le milieu du football. En 2019, il avait déjà dénoncé les débordements xénophobes en Italie et le laxisme des autorités transalpines face à ce problème récurrent.
«Voilà la raison pour laquelle j’ai décidé de ne pas jouer là-bas (ndlr: en Italie) lorsque j’en avais la possibilité, avait-il alors expliqué. Et, aujourd’hui, j’aimerais que tous les joueurs noirs quittent ce championnat. Cela n’arrêtera sûrement pas la stupidité ni la haine, mais au moins celles-ci ne viseront pas d’autres races.»
Demba Ba a lui-même été régulièrement confronté au fléau durant sa carrière. En Chine notamment, lorsqu’il évoluait sous les couleurs du Shanghaï Shenhua. Il avait dénoncé les injures racistes d’un adversaire, et ce dernier avait été condamné à six matches de suspension de la part de la fédération chinoise.
En avril dernier, encore, il s’était emporté sur Twitter, à la suite d’un débat où la question de faire des tests d’un vaccin contre le coronavirus en Afrique avait été évoquée. «Bienvenue en Occident, là où le blanc se croit tellement supérieur que racisme et débilité deviennent banalité.»
Pour l’UEFA, qui s’évertue depuis des années à faire campagne contre le racisme, cette affaire ressemble au pire des camouflets. Un arbitre, qui représente et porte l’écusson de l’instance européenne sur le cœur, pris sur le fait. En flagrant délit et en mondovision.