Vaud - «Depuis le braquage, chaque client est devenu un danger potentiel»

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Vaud«Depuis le braquage, chaque client est devenu un danger potentiel»

Quatre prévenus d’origine lituanienne sont jugés ces jours par le Tribunal criminel pour avoir braqué et brutalisé un bijoutier de Villars-sur-Ollon (VD) en 2020. Ce dernier ne s’en remet pas.

AFP

Mardi, l’audience de quatre Lituaniens, tous prévenus au moins de brigandage qualifié, a débuté avec une heure et demie de retard au Tribunal criminel de l’Est vaudois. Placés en détention préventive, les accusés ont fait leur entrée dans la salle de Renens (VD), pieds et poings liés, chacun surveillé par deux gendarmes. Il faut dire que ces malfrats n’y étaient pas allés de main morte, lors du brigandage d’une bijouterie de Villars-sur-Ollon (VD), le 14 octobre 2020.

Le bijoutier brutalisé et ligoté

Après avoir dérobé des plaques d’immatriculation et les avoir apposées sur le véhicule utilisé pour passer à l’action, trois des prévenus avaient brutalisé et ligoté le bijoutier de l’enseigne pour y voler montres et bijoux, avant de prendre la fuite. Le quatrième accusé leur fournissait alors un soutien logistique.

«Depuis, je vis une vie parallèle, a confié mardi leur victime. Je ne suis plus du tout capable de réaliser les projets que j’avais à l’époque, alors que j’étais à bout touchant. C’est plus de trente ans d’expérience qui se sont effondrés d’un coup…» Lorsque les brigands lui ont couvert le visage avec un tissu, «ne pouvant pas respirer pendant dix ou quinze secondes, j’ai pensé que j’allais crever là», lâche ce créateur.

Son âme d’artiste s’est évaporée et son rapport à la clientèle a changé aussi. «Quand je vois, à la porte, se présenter un client que je ne connais pas, je n’ai plus de salive, plus de force dans les jambes…» ajoute celui pour qui le travail de création correspond à environ 20 à 30% du chiffre d’affaires. «Chaque client est devenu un danger potentiel», a renchéri son épouse et associée. Pour elle, l’événement survenu en octobre 2020 a été «le coup de massue de trop». Le magasin avait en effet déjà été attaqué en 2009, et le bijoutier avait alors été frappé au visage.

Le couple déplore l’impact des faits sur la famille tout entière, y compris sur leur fils de 18 ans. Il demande 64’000 francs pour perte de gain et 20’000 pour tort moral.

Expulsion de 15 ans requise

Pour le procureur Cédric Matthey, c’est une armée bien rodée qui a agi ce jour-là, où chacun des membres avait un rôle bien défini. Le représentant du Ministère public a donc requis 5 ans et demi de prison contre Victor*, considéré comme le «commandant» des opérations. Et contre son «lieutenant», Patrick*, il a réclamé 10 ans de prison, pour «couronner l’ensemble de son œuvre criminelle».

En effet, avant de s’attaquer à la bijouterie de Villars-sur-Ollon, ce quadragénaire avait commis d’autres braquages, parfois avec violence, dans diverses boutiques de luxe du pays, notamment à Genève et à Lausanne. En un an, il a dérobé des biens dont la valeur avoisine 1,7 million de francs. Affichant déjà 6 ans de prison au compteur, celui qui est accusé de vol en bande et par métier séjournait aussi illégalement en Suisse.

Une peine de 4 ans et demi de prison menace le «caporal» de l’armée, tandis que la «recrue», âgée de 32 ans, pourrait se voir infliger 36 mois, dont 18 en sursis partiel. Tous les quatre risquent l’expulsion du territoire suisse sur 15 ans. Les plaidoiries de leurs avocats se tiendront mercredi.

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