Traitée 19 fois de nazi depuis son adhésion à l'UDC

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Suisse«Depuis mon adhésion à l’UDC, j’ai été traitée 19 fois de nazie»

Trois personnalités politiques suisses partagent leurs expériences face aux insultes malveillantes. Chacun s’y adapte à sa manière.

Sarah Regez s’inquiète de la perte de signification du mot nazi.
Depuis la création de Mass-Voll, Nicolas Rimoldi et ses collègues ont reçu plus de 10’000 mails haineux.
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Sarah Regez s’inquiète de la perte de signification du mot nazi.

Privé

En début d’année, Sanija Ameti, membre des Vert’libéraux et coprésidente d’Opération Libero, a décidé de publier anonymement certaines des messages malveillants qu’elle reçoit chaque jour – cela peut aller jusqu’à 100 en une journée. En rendant cela public, elle voulait montrer que la dévalorisation des femmes, en particulier celles issues de l’immigration, était systématique en Suisse.

Son action a suscité de nombreuses réactions, dont celle de Nicolas Rimoldi, le fondateur et président de Mass-Voll, un mouvement qui se décrit comme pacifique pour les droits civiques et s’est opposé aux mesures liées à la pandémie de coronavirus. Sur Twitter, il a écrit: «Jusqu’à 100? Seigneur, cela correspond à une journée tranquille chez Mass-Voll.» Depuis la création de l’association, il y a trois ans, ses collègues et lui ont dû recevoir plus de 10’000 mails haineux, sans compter les commentaires sur les réseaux sociaux et les forums en ligne.

Si la cadence des mails haineux a diminué depuis le printemps 2022, ils en reçoivent encore une dizaine chaque jour. Pour Nicolas Rimoldi, cela s’explique par le fait que «tous ceux qui se sont opposés aux mesures et à la vaccination obligatoire ont été présentés comme des idiots et mis au ban de la société et [que] c’est encore le cas aujourd’hui. Cela attise la haine.»

Traitée 19 fois de nazie

«Depuis mon adhésion à l’UDC, j’ai été traitée 19 fois de nazie», raconte de son côté Sarah Regez, membre du parti dans le canton de Bâle-Campagne. Elle ne considère pourtant pas cette insulte comme haineuse. Ne se sentant pas particulièrement rabaissée par ce terme, elle s’inquiète surtout «de la dilution du terme et de sa perte de signification».

«Quand j’étais à l’école, le mot nazi signifiait encore quelque chose d’extrêmement grave. Aujourd’hui on me traite de nazie. Ça montre comment les valeurs se sont déplacées et comment la signification d’un terme est rabaissée par son utilisation incorrecte», explique-t-elle.

À l’inverse de Sanija Ameti, Sarah Regez ne considère pas que les critiques et la haine visent spécifiquement les femmes issues de l’immigration. «Quand on veut rabaisser et insulter quelqu’un personnellement, on cherche certains points pour attaquer une personne», conclut-elle.

(blu/aze)

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