Neuchâtel/OugandaDes caméras thermiques de l’Unine dévoilent les émotions des primates
Une étude neuchâteloise sur des chimpanzés d’Ouganda a permis de déterminer l’état de stress ou de quiétude de chimpanzés en fonction des situations. Les résultats viennent d’être publiés dans la revue Scientific Reports.

Des images thermiques ont révélé l’état émotionnel des chimpanzés d’Ouganda.
afpUne étude de l’Université de Neuchâtel (Unine) a été menée entre 2019 et 2021 pour déterminer, grâce à une caméra thermique, les émotions des chimpanzés. Les images ont permis de capter l’état de stress ou de quiétude de chimpanzés sauvages d’Ouganda. «Les résultats viennent d’être publiés cette semaine dans la revue Scientific Reports», a signalé l’Unine, jeudi. L’étude a été menée par Marion de Vevey, primatologue au Laboratoire de cognition comparée et journaliste scientifique.
Les chimpanzés sauvages ont été filmés dans plusieurs situations où ils étaient en interaction avec leurs congénères. La température du nez des primates a révélé leur état émotionnel. «Lorsqu'une situation stresse un chimpanzé, son sang irriguera ses parties corporelles les plus utiles pour fuir ou combattre la source de ce stress. Ainsi, le sang ira prioritairement vers le cœur et les muscles. La température du nez sera plus basse lors d'une situation plus stressante que réconfortante. Cette méthode qui est non invasive peut donc être utilisée sur des animaux à l’état sauvage», a déclaré la primatologue.
Ils aiment copuler en présence du groupe
Plus de 4000 images de neuf chimpanzés mâles ont été saisies. «Le choix d’étudier des mâles tient au fait qu’ils participent davantage à des interactions sociales que les femelles, ce qui met en lumière plus de dynamiques intéressantes», relève l’Unine. «Nous avons pu observer que le toilettage est une situation jugée réconfortante par les chimpanzés, leur nez montrant une température plus haute que dans une situation non émotionnelle», indique Marion de Vevey. D’autre part, lors d’un acte de copulation, les mâles qui se trouvent seuls avec leur partenaire sont plus stressés que lorsqu’il y a d’autres individus dans les environs. Cela est sûrement dû à l’aspect dangereux d’un acte caché qui pourrait donner lieu à de la violence de la part des autres mâles.
«Cette recherche a permis de mettre en lumière non seulement une adaptation physiologique des chimpanzés à une vie autant coopérative que compétitive, mais aussi de déceler des effets sociaux qui affectent ces états internes», analyse l’Unine.