GenèveDes discos appellent à manifester avec les antimasques
Le syndicat Culture nocturne invite à rejoindre le rassemblement contre les mesures anti-Covid de samedi.

Fin août, un millier de personnes ont manifesté à Zurich.
KEYSTONE«Pour le retour à la liberté»: c’est sous ce titre que les opposants à l’obligation du masque romands se réuniront samedi après-midi sur la place des Nations. Ils entendent protester contre «des mesures sanitaires disproportionnées», comme l’exprime David Jetlag*, coorganisateur, sur les réseaux sociaux. Leurs demandes? Notamment liberté du port du masque, de vaccination et d’expression. Combien seront-ils? Difficile à prédire, mais l’appel a été partagé par diverses personnalités telles que l’entrepreneuse Ema Krusi, qui avait dû fermer son commerce pour refus du masque, ou le site DeQodeurs, proche des milieux complotistes étasuniens. Soutien de poids ce week-end, le syndicat Culture nocturne a également appelé ses membres et sympathisants à se joindre à la manifestation.
Grabuge à prévoir?
Une contre-manifestation devrait se dérouler sur les lieux à la même heure. Un appel a été lancé, toujours via les réseaux sociaux, à s’opposer pacifiquement au rassemblement prévu le 12 septembre. Selon un des organisateurs de ce second événement, il existe «une possibilité que certaines personnes antimasques présentes à la manif à Genève, comme à Berlin, soient de tendance d’extrême droite avec des intentions haineuses et violentes».
L’association regroupe une trentaine d’établissements de nuit non subventionnés tels que le Village du Soir, le Moulin Rouge ou le Mambo Club. Par communiqué, elle s’insurge contre la prolongation de la fermeture des établissements nocturnes jusqu’au 16 novembre annoncée mercredi par le Conseil d’État. Si le syndicat se défend de minimiser la gravité du Covid-19 durant la première vague, «aujourd’hui la réalité est implacable: tandis que le virus est moins virulent que jamais, les autorités nous achèvent». Pour Seb Courage, patron du Village du Soir, «l’épidémie est terminée, plus rien ne justifie ces mesures. Nous nous joignons à une manifestation qui appelle à la liberté, pas à un message coronasceptique.» Pour ces clubs, il s’agit «d’un appel au secours, précise Jean-Marc Humberset, gérant du Moulin Rouge et du Point Bar. On est en train de disparaître.» L’homme estime que les boîtes de nuit ont été victimes d’un véritable «hold-up, sans discussion ni concertation, et qu’il faut en revenir au libre arbitre». D’après lui, l’initiative de cette participation revient aux organisateurs de la manifestation.
Cette position n’est pas partagée par les clubs membres du Grand Conseil de la nuit. «Cette manifestation ne correspond pas à notre combat, détaille Gil Charmillot, coprésident. Nous ne sommes pas des scientifiques pour nous prononcer sur ces mesures et ne militons pas pour une réouverture.» Le Grand Conseil de la nuit estime par contre que l’État doit assumer ses responsabilités et fournir des aides aux établissements afin d’éviter leur disparition pure et simple après la crise du Covid-19. Les deux associations se rejoignent pour s’indigner du manque de communication et de concertation des autorités à l’heure de fermer leurs espaces. Une rencontre avec le conseiller d’État Pierre Maudet est agendée mercredi et un ultimatum a été signifié au gouvernement pour le 21 septembre. S’ils ne sont pas entendus, les clubs, subventionnés ou pas, indiquent qu’ils organiseront des événements d’envergure.
Pour l’heure, l’appel du syndicat Culture nocturne pourrait gonfler le nombre de participants à la manifestation de samedi. «Nous nous attendons désormais à voir un millier de personnes, plutôt que 300 ou 600», confirme David Jetlag. Ce dernier réfute avoir invité les boîtes de nuit à se joindre au rassemblement (lire encadré). «Le Mouvement suisse pour la liberté citoyenne est apolitique et libre de liens avec une quelconque association. Le rassemblement est ouvert à chacun à titre personnel, mais pas aux groupements», conclut-il. À noter que la manifestation est autorisée, à condition que les règles sanitaires soient respectées par les participants.
Une nébuleuse en orbite
David Jetlag est clair. Son Mouvement suisse pour la liberté citoyenne et la manifestation de samedi sont apolitiques et sans orientation. «Nous ne sommes pas antimasques, nous militons pour la liberté.» L’organisateur a participé au rassemblement de Zurich fin août. Il dit ne pas adhérer à l’intégralité de tout ce qu’il y a vu, même s’il les rejoint sur le discours de disproportion des mesures actuelles. Outre le fait que les clubs auraient été approchés sans qu’il le sache, sur les réseaux sociaux, il a pu constater que divers groupes ont relayé l’appel à manifester, reprenant à leur compte l’invitation. «Je ne partage pas forcément tous les arguments développés par certains mouvements, associations, groupes ou partis politiques et je serai vigilant samedi afin que ce rassemblement pacifiste ne s’éloigne pas de mes convictions.»
*Nom de profil Facebook. Identité connue de la rédaction.