MéditerranéeDes migrants détournent le pétrolier venu les sauver
La marine maltaise a pris le contrôle de l'Elhiblu I, un pétrolier ravitailleur détourné par les migrants qu'il avait secourus mardi soir.
Le pétrolier escoté par la marine maltaise devrait arriver à Malte en début de matinée ce jeudi.
Le pétrolier ravitailleur Elhiblu 1, détourné par des migrants qu'il avait secourus mais qui ne voulaient pas être reconduits en Libye, est arrivé jeudi à Malte après qu'un commando de la marine maltaise en a repris le contrôle dans la nuit, a constaté un correspondant de l'AFP.
Selon la marine, le navire, l'équipage et les 108 migrants à bord - 77 hommes et 31 femmes ou enfants - doivent désormais être remis à la police pour enquête.
L'Elhiblu I, qui bat pavillon de Palau, avait secouru ces migrants mardi soir et faisait route vers Tripoli pour les débarquer quand il a subitement mis cap au nord mercredi matin.
Capitaine et équipage menacés
«Ce ne sont pas des naufragés mais des pirates», avait dénoncé le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite), prévenant que le navire ne serait pas autorisé à pénétrer dans les eaux italiennes.
Toutefois le navire avait mis le cap sur Malte, où la marine a pu entrer en contact avec le capitaine quand il était à 30 milles des côtes.
«Le capitaine a répété plusieurs fois qu'il n'avait plus le contrôle du navire et que lui-même et son équipage étaient forcés et menacés par un certain nombre de migrants exigeant qu'il fasse route vers Malte», a ajouté la marine dans son communiqué.
Le patrouilleur P21 de la marine maltaise a empêché le pétrolier de pénétrer dans les eaux territoriales de Malte et un commando des forces spéciales, soutenu par plusieurs navires de la marine et un hélicoptère, a été dépêché à bord «pour rendre le contrôle du bateau au capitaine» et l'escorter jusqu'à Malte.
Selon l'ONG allemande Sea-Eye, dont le navire Alan Kurdi était mardi dans la zone de secours au large de la Libye et a entendu les échanges radio entre un avion militaire européen et l'Elhiblu I avant le sauvetage, les migrants sont 108 et parmi eux se trouvent des femmes et des enfants.
Tortures et viols
Depuis des années, les navires commerciaux circulant au large de la Libye sont régulièrement réquisitionnés par les garde-côtes et déroutés pour secourir des migrants.
Mais depuis que Tripoli a progressivement pris le relais de Rome pour coordonner ces opérations, les navires reçoivent l'ordre de reconduire les migrants en Libye, au grand désespoir de ces derniers qui y risquent un nouveau cycle de violences.
A plusieurs reprises ces derniers mois, des migrants raccompagnés en Libye ont refusé de descendre du navire et les autorités libyennes ont employé la force.
La semaine dernière, le sous-secrétaire général aux droits de l'Homme de l'ONU, Andrew Gilmour, avait évoqué les tortures et viols subis par nombre de migrants en Libye et appelé l'Union européenne à revoir son soutien aux garde-côtes libyens. (nxp/afp)