CFFDes mois de travaux pour réparer le tunnel du Gothard
Les dégâts à la suite du déraillement dans le tunnel de base du Gothard s’avèrent très importants. Si le trafic marchandises pourrait reprendre dans un tube dès le 26 août, les voyageurs devront emprunter la ligne panoramique encore longtemps.
«Le tunnel de base du Saint-Gothard est l’un des plus sûrs du monde. Le fait qu’un tel accident se soit malgré tout produit nous affecte fortement. Il n’y a heureusement pas eu de blessés, mais les dégâts sont importants», a résumé Vincent Ducrot, le patron des CFF lors d’une conférence de presse sur le déraillement du 10 août.
Aujourd’hui on sait que le convoi a endommagé les traverses en béton sur près de 8 kilomètres avant de dérailler. Ce sont plus de 20’000 éléments en béton qu’il faudra changer. Les travaux de remise en état devraient durer jusqu’à la fin 2023. Les CFF partent du principe que les deux tubes du tunnel seront vraisemblablement à nouveau ouverts au trafic ferroviaire de manière limitée au début de l’année prochaine.
Le plus important dans l’immédiat, c’est le remplacement d’une porte endommagée qui permet d’isoler les deux tubes. La porte provisoire permettra d’utiliser le tube «est» non endommagé pour le transport de marchandises, probablement à partir de mercredi 23 août. Il y aura toutefois toujours des déviations de trains de marchandises par la ligne panoramique du Saint-Gothard et par l’axe Lötschberg-Simplon, afin de permettre le transport de toutes les marchandises.
Trajets passagers rallongés
Depuis la fermeture du tunnel de base du Saint-Gothard, les trains de voyageurs circulent sur la ligne panoramique. Les CFF examinent actuellement avec l’Office fédéral des transports (OFT) la possibilité de faire circuler une partie des trains de voyageurs dans le tube «est» en voie unique, comme c’est prévu pour le trafic marchandises. En cas d’urgence, les voyageurs seraient évacués par l’autre tube du tunnel. Mais cette possibilité doit être évaluée.
Pour le trafic vers le sud, le temps de voyage est prolongé de 60 minutes en trafic national et de 60 à 120 minutes en trafic international. Les trains duplex ne peuvent pas circuler sur la ligne panoramique. Du coup le nombre de places disponible est fortement diminué avec environ un tiers seulement de places offertes. De plus, en trafic voyageurs international, il est nécessaire de changer de train à Chiasso. Seuls les trains en provenance et à destination de Gênes et Venise sont directs.
Un trajet chaotique le jour de l’accident
Le train accidenté était composé de 30 wagons de marchandises provenant de cinq points de départ en Italie. Ces wagons ont été contrôlés à leur arrivée à Chiasso. Après leur prise en charge, CFF Cargo a composé un nouveau train avec ces wagons. Ce processus comprend également un contrôle opérationnel et technique des wagons et du train. Aucune irrégularité n’a alors été constatée.
Dans le sud du Tessin, avant l’accident, un mécanicien de locomotive arrivant en sens inverse a signalé un dégagement de fumée sur le train. Lors du contrôle qui a suivi à Bellinzone, un frein serré a été repéré sur un wagon, puis desserré. Il ne s’agit pas du wagon qui aurait déraillé en premier. Après la levée de ce dérangement, le train a été autorisé à poursuivre sa route. Le train a passé les dispositifs de contrôle automatique entre Bellinzone et le tunnel. Ceux-ci n’ont pas déclenché d’alarme. Le déroulement et la cause de l’accident seront tirés au clair par le Service suisse d’enquête de sécurité (SESE) et le Ministère public du canton du Tessin.