SuisseDes Roms ukrainiens accusés d’être des profiteurs du statut S
Des voix dans le milieu de l’asile dénoncent les allers-retours de certains réfugiés. Les autorités se disent vigilantes face aux abus.

La protection peut être octroyée plusieurs fois.
Getty Images«Ils profitent de la situation qui est pourtant tragique!» Un Ukrainien bien au fait du dossier de l’asile en Suisse s’indigne du comportement de certains de ses compatriotes, notamment des Roms issus de Transcarpathie (sud-ouest), région éloignée des zones de conflit. «Ils viennent en Suisse juste pour toucher l’argent et ils repartent chez eux. Ce qui me dérange, ajoute-t-il, c’est que la Suisse leur accorde de nouveau le statut S lorsqu’ils reviennent.»
Diverses sources confirment une recrudescence des demandes de permis S émanant de cette communauté. «Ils encaissent les aides et retournent en Ukraine ou dans ses pays frontaliers, constate un informateur. Une fois la somme épuisée, ils reviennent. Seul l’argent les intéresse. La protection, ils s’en fichent. On parle quand même de 2500 à 3500 fr. par famille.» Un joli pécule, lorsque l’on sait que le salaire moyen ukrainien s’élève à 368 fr. par mois.
Mêmes critères pour tous
Au Secrétariat d’État aux migrations (SEM), on assure faire preuve de vigilance. «L’examen d’un éventuel nouvel octroi du statut de protection S se fait au cas par cas, souligne-t-on. Les critères d’examen applicables aux Roms sont les mêmes que pour toutes les autres personnes en quête de protection.»
Au niveau cantonal, on exclut également toute prise en compte de l’appartenance à tel ou tel groupe pour les prestations liées au statut de protection S. Attaché à la communication du Service de la population vaudois, Frédéric Rouyard admet toutefois que des abus ont été signalés: «Il y a eu des gens qui repartaient sans prévenir, une fois certaines prestations obtenues. Dans certains cas problématiques, des mesures ont été prises.» Il lui est toutefois impossible de confirmer une recrudescence des cas. «Comme dans toute crise, résume-t-il, il y a des gens qui tirent parti au maximum des dispositifs mis en place.»
On peut obtenir le statut S plusieurs fois
Il est possible de demander et d’obtenir le statut de protection S à plusieurs reprises. Si, par exemple, une personne a renoncé à ce statut et est retournée définitivement en Ukraine mais que le conflit reprend sur son lieu de résidence ou si la situation de danger s’aggrave pour d’autres raisons, la personne obtient à nouveau la protection temporaire en Suisse. Pour cela, un retour en Suisse et une nouvelle demande sont nécessaires. Il faut également que le requérant remplisse toujours toutes les conditions d’octroi de la protection. En cas de révocation du statut de protection S, une personne est en principe libre de déposer une nouvelle demande de protection temporaire. L’octroi d’une nouvelle protection suppose toutefois que les conditions requises soient toujours remplies et qu’aucun abus n’ait été décelé. Pour rappel, les titulaires de statut S ont l’autorisation de se déplacer au sein de l’Espace Schengen et donc de quitter la Suisse et d’y revenir.