L’hallucinogène le plus puissant étudié à l’Hôpital universitaire

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BâleDes volontaires se font injecter la DMT, le plus puissant des hallucinogènes

L’Hôpital universitaire de Bâle mène une étude sur la DMT, l’hallucinogène le plus puissant au monde. La substance est injectée à des volontaires pour en voir les effets en vue d’un potentiel usage médical.

L’injection par intraveineuse permet un meilleur contrôle du dosage et de l’effet.

L’injection par intraveineuse permet un meilleur contrôle du dosage et de l’effet.

Wikimedia/20M

Considérée comme l’hallucinogène le plus puissant au monde, la diméthyltryptamine (DMT) fait actuellement l’objet d’une étude menée par l’Hôpital universitaire de Bâle. La substance est injectée par voie intraveineuse à des volontaires afin d’en étudier les effets sur le corps et l’esprit. La DMT «pourrait être utilisée comme médicament», révèle Matthias Liechti, le responsable de l’étude.

Des recherches aux États-Unis ont déjà montré que la DMT avait un effet positif en cas de dépression, en combinaison avec une thérapie. Cette thèse doit maintenant être vérifiée ou réfutée par l’étude menée au sein de l’Hôpital universitaire bâlois.

La DMT

A l’origine, la DMT est extraite de diverses plantes. C’est en 1931 que la substance est pour la première fois fabriquée en laboratoire par le chimiste canadien Richard Manske, rapporte «GeoPlus» (article en allemand). Mais ses vertus hallucinogènes semblent connues depuis des millénaires: des pipes destinées à la consommation de DMT, datant du 8e siècle après Jésus-Christ, ont été découvertes au Chili par des archéologues. La DMT peut être inhalée, sniffée ou avalée. Une fois consommée, elle «entraîne une libération massive de sérotonine et donc une modification de la perception visuelle, allant du mélange de couleurs vives à l’expérience de mort imminente», détaille le magazine allemand qui rappelle que sa consommation et sa possession sont illégales.

Pour obtenir des résultats, différentes études sur la substance seront menées par le groupe de recherche au cours des deux prochaines années. Les chercheurs ont choisi d’injecter la DMT par voie intraveineuse: «Cela a du sens dans le contexte médical: le dosage et l’effet peuvent ainsi être mieux contrôlés», explique Matthias Liechti.

Pas pour n’importe qui

Mais attention, tout le monde ne peut pas devenir volontaire. «Il ne faut pas souffrir d’un trouble psychotique ou avoir des antécédents familiaux de schizophrénie», prévient le responsable de l’étude. Un examen préliminaire approfondi et une information sur l’étude sont d’ailleurs nécessaires avant que quiconque puisse vivre son trip à la DMT. Quant à l’engagement que cela demande, Matthias Liechti précise que les participants auront «quatre à six séances, qui ont lieu par exemple toutes les deux semaines». Tout dépend de l’étude à laquelle ils seront rattachés.

Mais le responsable met en garde: les effets ne sont pas à prendre à la légère. Il n’est pas exclu de souffrir d’anxiété lors de la prise des doses les plus élevées, nécessaires aux différents tests.

Mieux que le LSD

Des études ont déjà été menées pour savoir si des drogues comme le LSD – dont les effets hallucinogènes ont été découverts il y a 80 ans par un chimiste bâlois – ou d’autres champignons pouvaient avoir un effet thérapeutique. Mais la DMT présente un intérêt particulier: «L’avantage serait un effet fort pendant seulement quelques minutes ou par exemple une heure, contrairement aux effets beaucoup plus longs du LSD et de la psilocybine», explique Matthias Liechti. Un médicament à base de DMT, contrôlé et testé, «pourrait être intéressant pour la pratique et la viabilité financière».

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(Jonas Gut/aze)

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