Difficultés financièresLe modèle social suédois a-t-il du plomb dans l'aile?
De nombreux parents célibataires peinent aujourd'hui, en Suède, à boucler les fins de mois et les enfants sont les premiers à en pâtir.

De nombreuses familles monoparentales sont particulièrement vulnérables.
FreepikUne famille monoparentale sur trois ne mange pas à sa faim en Suède, et les enfants sont en première ligne des inégalités économiques grandissantes dans le pays, selon un sondage publié mercredi, par quatre associations et ONG dont la Croix-Rouge.
«Nous constatons que les mères et les pères célibataires avec des revenus modestes sont dans une situation vraiment, vraiment difficile», a déclaré à l’AFP, Åse Henell, secrétaire générale de Majblomman, une association qui lutte contre la pauvreté infantile.
«Ils doivent choisir entre se nourrir et s’habiller, et leurs enfants ne peuvent pas aller à l’entraînement de foot ou prendre des cours de musique, ce qui les prive d’un cadre social», a-t-elle ajouté. L’inflation, la hausse des prix de l’alimentaire et le fort niveau d’endettement des ménages pèsent sur l’économie suédoise.
Les enfants en première ligne
D’après un sondage réalisé par Verian, entre le 30 janvier et le 21 février 2025, pour la Croix-Rouge, Majblomman, Hyresgästföreningen et Rädda Barnen, 29% des familles monoparentales interrogées déclarent avoir «des difficultés» à manger à leur faim.
L’enquête a été menée auprès de 1112 personnes. Les sondés sont des parents célibataires gagnant moins de 30'000 couronnes par mois (2630 francs), et des couples avec enfants dont le revenu mensuel est inférieur à 43'000 couronnes. «La situation s’aggrave pour les personnes qui vivent en marge de la société», a souligné pour sa part Ulrika Modéér, secrétaire générale de la Croix-Rouge en Suède.
Les enfants sont les premiers à subir les conséquences de ces inégalités et sont trop vite responsabilisés, avertissent ces quatre acteurs. Ils connaissent par exemple la date à laquelle tombe le salaire et les aides sociales de leurs parents, et évitent de mentionner des sorties scolaires ou excursions payantes.
Transports trop chers
«Les transports publics sont essentiels pour ces familles, qui n’ont pas les moyens de se rendre à leurs activités ou chez leurs amis», a aussi relevé Åse Henell de Majblomman. Beaucoup de jeunes de 16 ou 17 ans, après avoir décroché leur premier job d’été, n’ont pas les moyens de se rendre sur leur lieu de travail.
«Nous leur donnons un titre de transport pour qu’ils puissent toucher leur premier salaire», exemplifie Mme Henell, dont l’organisation a augmenté son soutien financier aux enfants de 12 millions de couronnes (1,05 million de francs) en l’espace de deux ans, pour répondre aux besoins des familles.
Pour endiguer ces inégalités, les initiateurs du sondage proposent d’augmenter et d’indexer sur l’inflation l’allocation familiale, ainsi que de mettre en place des activités de loisirs et des transports publics gratuits pour tous les enfants.