Du politique à l'économique, «Moon» pourrait se dissoudre

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DiplomatieDu politique à l'économique, «Moon» pourrait se dissoudre

L’Eglise de l’Unification japonaise est menacée d'une dissolution. Présente notamment en Suisse, elle avait défrayé la chronique.

Cette image datant de 2022 montre le siège de l'Eglise de l'Unification, visée par une procédure de dissolution lancée en 2023 par le gouvernement japonais.

Cette image datant de 2022 montre le siège de l'Eglise de l'Unification, visée par une procédure de dissolution lancée en 2023 par le gouvernement japonais.

AFP

L’Eglise de l’Unification, aussi surnommée secte Moon, qui a cultivé des liens avec des responsables politiques tels que Richard Nixon lors du Watergate, puis Donald Trump ou encore Marine Le Pen, est visée par une procédure de dissolution. Fondée en 1954 en Corée du Sud, l’Eglise s’est fortement développée dans les années 1970 et 1980 et est accusée d’imposer des objectifs de dons à ses adeptes.

En octobre 2023, le gouvernement japonais a saisi la justice pour obtenir sa «dissolution», une mesure visant à révoquer son statut d’organisation religieuse. Les enquêtes menées après le meurtre de l'ex-premier ministre Abe ont révélé l’existence de liens parfois étroits entre l’Eglise et des parlementaires conservateurs du parti au pouvoir, ce qui a notamment conduit à la démission de quatre ministres. Si Abe n’était pas membre de l’Eglise de l’Unification, il avait participé en 2021 via message vidéo à un colloque organisé par un groupe affilié, comme d’autres personnalités politiques.

En activité

Si sa dissolution est prononcée par le tribunal de Tokyo dans les prochains jours, le groupe religieux perdra ses exemptions fiscales mais cela ne l’empêchera pas de poursuivre ses activités, selon l’avocat. Sa réputation va néanmoins «décliner et le nombre d’adepte devrait diminuer», espère-t-il. «Aucune autre organisation n’a causé de tels dégâts» à la société japonaise, ajoute cet avocat, qui représente d’anciens adeptes de l’Église cherchant à être indemnisés après des dons importants. Depuis 2023, près de 200 personnes ont demandé une compensation pour un total d’environ 35 millions d’euros, selon Me Abe et d’autres avocats.

Jusqu’à présent, seuls deux groupes religieux ont été dissous au Japon dont la secte Aum Shinrikyo, auteur de l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en mars 1995. Si Aum a ensuite fait faillite, les deux autres groupes religieux qui lui ont succédé continuent d’opérer dans le pays.

Actifs financiers

Depuis des décennies, le Japon sert de bastion financier à l’Église de l’Unification, incitant ses fidèles à expier l’occupation de la Corée pendant la guerre et les encourageant à acheter des objets de prix pour obtenir le pardon des péchés. Avant la décision de la justice, des avocats redoutent cependant que le groupe ne transfère ses actifs financiers à la faveur d’une loi de 2023, approuvée par le parti au pouvoir qui, selon ses détracteurs, est laxiste en matière de financement. «Ils ont envoyé des dizaines de milliards de yens chaque année à leur siège sud-coréen», affirme Katsuomi Abe.

L’avocat et d’autres de ses collègues réclament une législation plus stricte afin que l’argent de l’Eglise de l’Unification puisse être restitué aux victimes. La liquidation des biens de l’Eglise sera une tâche ardue, prévient Me Abe, qui se demande «combien d’années» cela prendra.

(afp)

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