Service publicDirection SSR: fini les bonus, mais 20% de salaire en plus
Le conseil d’administration a décidé de supprimer les bonus des dirigeants. En contrepartie, ils verront leur salaire augmenter de près de 20%, quelle que soit la performance. La classe politique critique.

Le siège de la SSR à Berne
En mai dernier, en pleine pandémie de Covid, la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) avait demandé des indemnités pour chômage partiel pour 600 de ses collaborateurs. Ceci alors même que huit membres de sa direction s’étaient octroyé des bonus élevés. La ministre de tutelle, Simonetta Sommaruga, avait à l’époque vertement réprimandé la SSR et exigé que le conseil d’administration revoie le système salarial de ses cadres supérieurs. C’est désormais chose faite. Mais la décision prise fait grincer les dents de la classe politique.
En effet, le conseil d’administration a décidé d’intégrer l’actuelle «composante variable du salaire» dans le salaire fixe. Ceci dès le 1er janvier 2023. Pour compenser cette perte, les salaires fixes seront revus à la hausse, révèle la Schweiz am Wochenende. Les cadres ont été informés début décembre. Du coup, le journal a fait ses calculs: en 2020, les bonus pour la direction représentaient 19% de la masse salariale qui leur était versée.
Critiques politiques
La décision passe mal auprès des parlementaires qui s’occupent de ces dossiers à Berne. Ils rappellent que la SSR a toujours souligné que les composantes variables du salaire étaient liées aux performances. «Je trouve étrange que des éléments de salaire variables, qui se mesurent au succès, deviennent soudain des salaires fixes. C’est une plaisanterie», critique ainsi le conseiller national Christian Wasserfallen (PLR/BE).
Même son de cloche de la part de son collègue Martin Candinas (Centre/GR), qui défend souvent la SSR. «La SSR a choisi la facilité. Ajouter la composante variable du salaire au salaire fixe témoigne d’un manque de doigté», indique-t-il au journal. Le conseiller national UDC Gregor Rutz estime lui aussi qu’«un peu de modestie» ne ferait pas de mal aux patrons de la SSR. Le seul soutien à cette décision provient de la conseillère nationale socialiste Edith Graf-Litscher. Selon elle, il est difficile d’évaluer correctement la composante performance d’un salaire. «L’important est que la masse salariale totale des cadres supérieurs n’augmente pas», conclut-elle.
À noter que le salaire moyen des membres de la direction de la SSR était de 390’000 francs. Son directeur général, Gilles Marchand, a perçu lui 533’000 francs.