Lors du clash avec Zelensky«Poutine et moi on en a bavé»: la phrase de Trump qui en dit long
Donald Trump vante ses affinités avec Vladimir Poutine, mais des experts soulignent une surestimation de cette relation par le président américain.

Donald Trump est persuadé d’avoir des affinités avec Vladimir Poutine. Ici en 2017.
AFP/ArchivesC’est une petite phrase, passée inaperçue dans le feu de son altercation avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, mais qui en dit long sur les affinités que Donald Trump est persuadé d’avoir avec le maître du Kremlin.
«Je vais vous dire une chose: (Vladimir) Poutine et moi on en a bavé», a lancé le président américain le 28 février, pendant un échange d’une violence inouïe avec le chef d’Etat ukrainien. «Nous avons traversé ensemble une chasse aux sorcières», avait-il dit auparavant en recevant cette fois le Premier ministre britannique, Keir Starmer.
La «chasse aux sorcières», c’est l’enquête menée pendant le premier mandat du milliardaire républicain sur l’opération d’ingérence russe lors de la campagne présidentielle américaine de 2016, en sa faveur.
Cette opération exposée par les services de renseignement américains a été démentie par la Russie. Donald Trump assure désormais que cette affaire a scellé une forme de solidarité avec le président russe.
Le président américain «voit en Poutine une sorte de modèle», analyse Sasha de Vogel, directrice associée du laboratoire de recherches sur l’autoritarisme à l’université de Caroline du Nord-Chapel Hill. Le dirigeant russe «fait un peu ce qu’il veut, il peut agir de manière unilatérale», et son homologue américain «veut la même chose», lui qui tente d’étendre au maximum ses prérogatives depuis son retour à la Maison-Blanche.
«Surestime»
La chercheuse n’en pense pas moins que le président américain «surestime» sa relation avec Vladimir Poutine. Celui-ci n’est «pas un homme d’affaires dont (il) peut gagner la confiance, mais un stratège très expérimenté», qui «ne décide pas en fonction d’affinités personnelles».
Vladimir Poutine veut revenir à un modèle où les Etats-Unis et la Russie «se mettent d’accord sur des sphères d’influence», écrit Natia Seskuria, chercheuse du centre de recherches britannique Royal United Services Institute.
Le président russe estime que le territoire de l’ancienne Union soviétique est sa zone d’influence «légitime» tandis que Donald Trump a «de manière similaire signalé une volonté expansionniste» à propos du Groenland, du Canada ou encore du canal de Panama, poursuit-elle.
Après une longue conversation téléphonique le 12 février avec le président russe, Donald Trump a assuré que ce dernier voulait «la paix» en Ukraine, et ajouté: «Il me le dirait s’il ne la voulait pas.»
«Erratique»
«Il change rapidement d’avis. Il est guidé par ses émotions» ce qui en fait «un partenaire erratique pour la Russie aussi», note-t-elle.
Pendant le premier mandat de Donald Trump (2017-2021), les Etats-Unis n’avaient pas mené une politique aussi favorable que l’espérait le Kremlin. Donald Trump avait accepté de vendre à l’Ukraine des missiles anti-chars Javelin. Son gouvernement avait aussi lancé une série de sanctions contre la Russie.
Vendredi, le président américain a une nouvelle fois surpris sur son réseau Truth Social, en écrivant: «Compte tenu du fait que la Russie "pilonne" actuellement l’Ukraine sur le champ de bataille, j’envisage fortement des sanctions bancaires, des sanctions et des droits de douane à grande échelle» contre Moscou.
Peu après, lors d’un échange avec des journalistes, il a eu un ton beaucoup plus conciliant, en affirmant qu’il était «plus facile» de traiter avec la Russie qu’avec l’Ukraine.
«J’ai toujours eu une bonne relation avec Poutine», a déclaré Donald Trump, ajoutant, de manière énigmatique: «Je pense qu’il va être plus généreux qu’il ne doit l’être.»