Un frontalier commet l'irréparable avec son bolide illégal

Un terrible accident s'est produit le samedi 7 septembre à La Vrine, une commune du Doubs (F), proche de Pontarlier. Quelques jours après cette collision qui a coûté la vie à un automobiliste de 70 ans, le conducteur responsable a été placé en détention provisoire, a annoncé vendredi le procureur de Besançon, Etienne Manteaux, cité par les médias français.

Le jeune chauffard, un frontalier de 25 ans travaillant comme chauffagiste en Suisse, devra répondre principalement d'homicide involontaire. Mais les premiers éléments dévoilent des circonstances qui pourraient s'avérer aggravantes.

Les enquêteurs ont recueilli le témoignage de quatre automobilistes qui ont été dépassés à haute vitesse par l'Audi RS6 du jeune homme, juste avant le drame. Tous ont pensé: «Il va arriver un malheur», a relaté Etienne Manteaux. Après ces manoeuvres, le conducteur a ralenti en passant devant un radar fixe avant de réaccélérer immédiatement, 200 m avant un carrefour.

C'est après cette intersection que son Audi s'est encastrée dans une Dacia qui roulait dans la même direction et qui venait de s'engager sur la route nationale. La voiture a été projetée à plusieurs mètres et le septuagénaire au volant a été éjecté et tué sur le coup. Son passager a été grièvement blessé.

Selon le magistrat, des images de vidéosurveillance montrent l'Audi effectuer un freinage d'urgence impressionnant - au point que l'arrière de l'auto se soulève - mais malgré tout insuffisant. Un des enjeux de l'enquête sera de déterminer exactement la vitesse à laquelle roulait le conducteur.

Le procureur a encore listé les autres faits reprochés au jeune homme. Sa voiture était immatriculée en Suède, pays où il l'avait achetée. Il ne s'était jamais occupé de régulariser sa carte grise. «Commode» pour éviter d'être repéré en cas d'amende, tant en Suisse qu'en France, a commenté Etienne Manteaux.

L'Audi RS6 avait aussi été débridée et sa puissance avait été portée à 700 chevaux, une modification qui ne permettait plus au bolide de rouler sur la route, ce que le mécanicien avait bien précisé au jeune conducteur.

Le profil du jeune homme, déjà condamné cinq fois pour des faits de violence et de refus d'obtempérer, ainsi que pour avoir tagué des croix sur plusieurs mosquées du département, a incité le procureur à ordonner sa détention provisoire en attendant le jugement, prévu en novembre. Etienne Manteaux a évoqué le sentiment de «toute-puissance d'un conducteur qui n'obéit qu'à ses propres règles», rapporte «L'Est républicain»

Autre détail troublant: lors des perquisitions chez ce militant nationaliste, qui a été candidat du Rassemblement national (extrême droite) aux élections départementales, la police a découvert un gilet pare-balles venant d'une police cantonale suisse.