Élections à GenèveDestins croisés entre la droite dure et les écologistes
Aux élections municipales, UDC et MCG ont progressé, tandis que les Verts ont chuté. Ce scénario ne devrait pas se répéter au second tour pour les exécutifs.

Le 1er tour des élections municipales genevoises, dimanche 23 mars 2025.
mapDans l'ascenseur électoral de ce dimanche, deux forces antagonistes se sont croisées. La droite dure et populiste, UDC et MCG, a pris de la hauteur. Les Verts, au sommet il y a cinq ans, sont descendus de plusieurs étages.
Le «pragmatisme» de l'UDC
Beaucoup imputent le succès des deux partis gagnants au contexte international marqué par la montée de l'extrême droite et du populisme (USA, Allemagne, Italie, Argentine, etc.), servie par la période anxiogène actuelle (Covid, guerre en Ukraine, crise énergétique, protectionnisme américain).
Ce n'est pas l'avis du président de l'UDC, Lionel Dugerdil. En ces temps troublés, ce qui a séduit l'électorat, «ce sont nos solutions concrètes, nos messages clairs sur la sécurité, l'armée et l'autoapprovisionnement, par exemple». L'agriculteur de métier voit une seconde raison au succès de son parti: «Il s'est fait au détriment des Verts. La population en a marre de leur écologie punitive et moralisatrice. Nous sommes plus pragmatiques, on a insisté sur le pouvoir d'achat et la qualité de vie.» Le MCG, lui, estime que son discours sur l'emploi a fait mouche.
Echec «relatif» des Verts
La vague verte de 2020 était «une sorte d'anomalie» portée notamment par la lutte contre le réchauffement climatique, relève de son côté la présidente de la formation écologiste, Maryam Yunus Ebener. Depuis, cette thématique s'est effacée devant les tensions géopolitiques actuelles. Les méthodes «musclées» de collectifs comme Extinction Rebellion et Renovate Switzerland ont aussi «desservi la cause», selon l'élue onésienne.
Laquelle relativise cependant l'échec des siens: «Si on prend du recul, globalement, nous progressons peu à peu depuis des années, on est aujourd'hui souvent la 2e ou la 3e formation dans les grandes communes.» Et surtout, «nos candidats aux conseils administratifs sont bien placés pour le second tour. A la tête d'une municipalité, nous savons être pragmatiques et les électeurs le reconnaissent.»
Second tour: l'incertitude
Les vérités de ce dimanche ne seront donc pas forcément celles du 13 avril, date de l'élection finale pour les mairies. «Les votes pour les délibératifs sont plus protestataires que pour les exécutifs, qui tiennent davantage compte du bilan et des compétences des candidats», énonce Thomas Wenger, président du parti socialiste.
Son analyse fait écho à celle du chef de campagne de Liberté et Justice sociale, Laurent Seydoux. Le vote des Genevois en faveur du parti agrarien et du MCG ne serait pas forcément idéologique. «J'y vois plutôt un coup de gueule de gens qui ne s'estiment pas assez entendus et marquent ainsi leur insatisfaction face à une certaine politique politicienne.»
«Dans bien des communes, les votes ont été très dispersés, remarque pour sa part François Baertschi, président du MCG. Cela rend les prédictions difficiles et incertaines». Les alliances passées, ou pas, entre partis auront leur importance. Mais surtout, avance le dirigeant, le poids de logiques purement locales peut changer la donne: «Dans de nombreux cas, la personnalité des candidats joue au-delà de leur étiquette politique.»
Les partis devront rendre leur liste pour le second tour d'ici à ce mardi, midi.