Elections fédérales 2023Ce à quoi il faut s’attendre avec le futur Parlement
Le National a glissé à droite avec une large progression de l’UDC et le recul des partis écologistes. Cela risque de changer la donne politiquement sur plusieurs dossiers à Berne.

On le sait: le National a fait un grand virage à droite dimanche. L'UDC, en hausse presque partout en Suisse, a gagné 9 sièges. Les Verts ainsi que les Vert’libéraux ont perdu 11 sièges alors que le PS n’a pu regagner que deux sièges. Ce glissement à droite aura des conséquences sur la politique du Parlement. On fait le point.
Conseil fédéral
Le Conseil fédéral ne changera sans doute pas de composition le 13 décembre. Mais la formule magique (2 UDC; 2 PLR, 2 PS, 1 C) pourrait bientôt voler en éclat. En effet, le Centre dépasse pour la première fois le PLR au National. Et il pourrait réclamer un 2e siège au Conseil fédéral dès que l’occasion se présentera. Soit quand le plus ancien ministre PLR Ignazio Cassis, quittera le navire. Le chef du groupe parlementaire, Philipp Matthias Bregy a d'ailleurs prévenu: «Nous n’écarterons pas les conseillers fédéraux sortants. Nous observerons désormais comment le PLR continuera d'argumenter selon la "logique du podium" (ndlr: qui dit que les trois partis les plus forts du pays doivent avoir chacun deux représentants)». Quant aux Verts, ils devront sans doute faire une croix sur leur espoir de placer un ministre parmi les 7 Sages.
Politique climatique
Vu les mauvais scores des partis écologistes, il sera plus difficile que jamais pour la gauche de faire passer ses préoccupations au Parlement. Greenpeace Suisse a résumé la situation dans un communiqué. «Au cours des 25 dernières années, l'UDC a systématiquement voté au Parlement contre le renforcement de l'efficacité énergétique, le développement des énergies renouvelables et les mesures de protection du climat. Avec le net renforcement de la droite conservatrice, cette situation va s'aggraver», craint-elle. D'autant que c'est l'UDC Albert Rösti qui est aux manettes. Et pour lui, politique climatique rime d’abord avec politique énergétique. Le Bernois pourrait en outre lancer un débat sur le retour du nucléaire, avec le soutien du PLR.
Trafic routier
Le conseiller fédéral Albert Rösti est un adepte du trafic routier au grand dam des Verts. Le National et le Conseil des Etats ont déjà dit oui à une autoroute à six voies, notamment entre Lausanne et Genève. Il est donc imaginable que d’autres extensions sur d’autres tronçons du tracé arrivent sur la table.
Immigration
Après avoir remporté 9 sièges supplémentaires, l'UDC devrait encore accroître la pression dans ce domaine. D'autant que le PLR et Le Centre se sont prononcés ces derniers mois en faveur d'un durcissement de la politique d'immigration. Ces prochaines semaines, les contrôles aux frontières pourraient donc devenir d’actualité. Mais la question de l'asile, sur laquelle surfe l'UDC, ne représente qu'une très petite partie de l'immigration totale. Et le parti aura du mal à faire passer ses revendications, car les étrangers qui arrivent en Suisse viennent d’abord pour travailler et proviennent de l'UE. Et tant le PLR et le Centre militent pour leur libre circulation.
Retraites
En 2024, trois projets très importants sur le plan social seront soumis au peuple: la réforme de la prévoyance professionnelle (LPP), l'initiative des syndicats pour une 13e rente AVS et celle sur les retraites des jeunes PLR, qui vise à augmenter l'âge de la retraite à 66 ans. Trois sujets qui opposent diamétralement la gauche et la droite. L'UDC et le PLR ont fait front commun sur ces objets au Parlement. Tandis que le Centre s'est allié au PS pour tenter de renverser la vapeur. La gauche aura encore plus de peine à lutter pour ses projets.
Politique sociale
Les revendications sociopolitiques telles que le congé parental ou le soutien aux crèches auraient désormais plus de mal à passer. Un projet de loi, qui vise à réduire les tarifs des crèches en finançant le 20% par la Confédération a été rejeté au Conseil des Etats. Il aura sans doute du mal à passer au National et pourrait passer à la trappe.
Relations avec l'UE
Un accord entre la Suisse et l'UE s’éloigne un peu plus avec le nouveau Parlement. Les Vert'libéraux, qui se sont toujours prononcés le plus clairement en faveur d'un accord-cadre avec Bruxelles, ont perdu beaucoup de terrain. Le PLR lui souhaite de relations apaisées avec l'UE, tout comme la faîtière Economiesuisse qui estime que la Suisse a besoin de relations stables et réglées avec Bruxelles. Mais l'UDC s'oppose avec véhémence à tout accord. Les relations entre Berne et Bruxelles ne sont pas prêtes de se normaliser.