Elections fédérales: Mauro Poggia brise l’hégémonie de la gauche 

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Conseil des Etats (GE)Mauro Poggia brise l’hégémonie de la gauche genevoise

Le candidat du MCG siégera à la Chambre haute du Parlement avec le socialiste Carlo Sommaruga. La Verte Lisa Mazzone va cesser la politique.

Mauro Poggia défile en Vieille-Ville accompagné de militants du MCG et de l’UDC, dont Céline Amaudruz, à sa droite.

Mauro Poggia défile en Vieille-Ville accompagné de militants du MCG et de l’UDC, dont Céline Amaudruz, à sa droite.

20 min / jef

Mauro Poggia triomphe. L’ex-conseiller d’Etat du MCG (Mouvement citoyens genevois) a remporté ce dimanche son pari en étant non seulement élu au Conseil des Etats, mais très bien élu (55’317 voix). Ce faisant, il brise seize ans d’hégémonie de la gauche genevoise à la Chambre haute du Parlement fédéral. Il formera un tandem hétéroclite avec le socialiste Carlo Sommaruga (46’423 voix), qui conserve son siège. La Verte Lisa Mazzone (45’300 voix), arrivée en troisième position, n’effectuera en revanche pas de second mandat. Elle a immédiatement annoncé son retrait de la vie politique.

«Je suis heureux pour tous les militants et pour l’Alliance de droite», s’est félicité Mauro Poggia. Le ticket qu’il formait avec Céline Amaudruz (UDC), soutenu par le PLR et Le Centre, qui avaient retiré leurs candidats au second tour, a en effet très bien fonctionné: le représentant du MCG a écrasé le scrutin, alors que Céline Amaudruz, arrivée quatrième (40’371 voix), a réalisé un score qu’elle-même a qualifié d’historique - le parti agrarien, tout puissant au niveau national, faisant jusqu’à présent plutôt figure de nain dans le canton du bout du lac.

Mauro Poggia estime avoir «sensibilisé bien au-delà» de son parti, et même de la droite. «Mon discours a toujours été respectueux de l’ensemble des partis et de tous les gens qui habitent le territoire, qu’il s’agit de protéger» sans distinction. Cette volonté de protection des résidents genevois, considère-t-il, constitue une position «rassembleuse, ni de gauche, ni de droite», qui lui a valu son succès électoral.

Lisa Mazzone: «Pour moi, c’est terminé»

La grande perdante du jour est sans conteste Lisa Mazzone, qui aurait même présidé le Conseil des Etats si elle s’y était maintenue. Sa défaite s’est jouée à trois fois rien (d’autant plus qu’elle avait devancé son allié socialiste Carlo Sommaruga au premier tour), mais elle débouche sur une décision radicale: son retrait de la politique. Invitée à analyser ce revers, elle a ainsi déclaré sur le plateau de «Léman Bleu»: «Vous demanderez à ma présidente, pour moi, c’est terminé.»

Deux hommes de 64 ans

«C’est une page de ma vie qui se tourne, j’ai 35 ans. La politique est aussi un corset. Pour moi, c’est important de prendre d’autres chemins», a déclaré la Verte, qui a indiqué qu’elle continuera à défendre ses valeurs, mais par d’autres moyens. Elle a par ailleurs souligné, avec amertume, que «Genève sera représentée par deux hommes de 64 ans, je ne peux que le regretter». Cela fait en effet plus de trente ans qu’au moins une femme siégeait au Conseil des Etats pour le compte du canton du bout du lac.

Celui-ci sera donc représenté durant quatre ans par un duo a priori dépareillé, qui devra apprendre à collaborer. «On a sans doute beaucoup de points de concordance avec Carlo Sommaruga, a estimé Mauro Poggia. Mais un parlementaire est avant tout une force de propositions, il ne s’agira pas seulement de travailler en tandem» avec le socialiste. Ce dernier a dit éprouver «une grande tristesse» à l’idée de ne plus œuvrer avec Lisa Mazzone, tant leur association était empreinte «de complicité et de cohérence de vision. Il faudra reconstruire une cohérence avec Mauro Poggia.»

«Genève va sortir affaiblie»

Le socialiste, qui annonce qu’il continuera à s’engager pour la Genève internationale et «pour que la voix des peuples opprimés soit entendue au Parlement», pense que des ponts sont notamment possibles avec l’élu du MCG en matière d’approvisionnement énergétique. Mais «Genève va sortir affaiblie dans un certain nombre de dossiers. Mauro Poggia est ainsi certainement pour la voiture et une autoroute à six voies.»

«Clair qu’il faut renforcer le rail»

Ce dernier lui, a avancé que «sur la santé, nous pouvons nous retrouver, même si je ne suis pas toujours d’accord sur la stratégie» adoptée par le PS sur le sujet. Il considère aussi que les questions environnementales peuvent générer des ententes («aujourd’hui, personne ne peut dire que l’écologie est absente du Conseil des Etats»). Quant à la politique des transports, il juge «qu’évidemment, Genève doit être désenclavée. Il est donc clair qu’il faut renforcer le rail, mais sans abandonner la voiture.»  

Logique respectée dans les autres cantons romands

Dans les autres cantons romands, le scrutin a débouché sur des résultats sans surprise. A Fribourg, Isabelle Chassot (Le Centre) et Johanna Gapany (PLR) ont été réélues. Dans le Canton de Vaud, le PLR Pascal Broulis a rejoint le socialiste Pierre-Yves Maillard, élu au premier tour. Enfin, en Valais, les Centristes Beat Rieder et Marianne Maret accèdent au Conseil d’Etats.

  

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