Brûlée vive par son ex en France - «Elle savait ce qui allait lui arriver»

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Brûlée vive par son ex en France«Elle savait ce qui allait lui arriver»

Deux jours après l’effroyable meurtre d’une mère de famille, brûlée vive par son mari violent récidiviste, les voisins et amis de la victime oscillent entre tristesse et colère.

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joc/afp

Dans la tranquille ville de Mérignac, en banlieue de Bordeaux, le choc est total. À l’appel de plusieurs associations, des centaines de personnes se sont réunies mercredi soir devant le domicile de Chahinez, cette mère de famille brûlée vive par son mari. Le maire de la commune a participé à ce cortège silencieux. «Ce soir je comprends (…) la colère parce qu’il semble que tout le monde savait qu’elle était en danger de mort et personne n’a pu la protéger», a confié Alain Anziani. Des bougies ont été allumées devant la porte d’entrée de la maison de la victime et sur l’avenue où le drame est survenu.

Mardi, en pleine rue, cette femme de 31 ans, mère de trois enfants, a été poursuivie par son mari violent récidiviste dont elle s’était séparée. L’homme a tiré plusieurs coups de feu dans ses jambes jusqu’à ce qu’elle s’effondre. Il l’a ensuite aspergée d’un liquide inflammable alors qu’elle était encore en vie et l’a immolée par le feu. Auparavant, l’individu avait mis le feu au domicile de son ex-compagne, l’obligeant à sortir de chez elle. Âgé de 45 ans, l’auteur des faits a été interpellé une demi-heure plus tard et placé en garde à vue. Il était en possession d’un fusil de calibre 12, notamment.

En juin 2020, Mounir B. avait été condamné à 18 mois de prison dont neuf mois assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans pour violences conjugales sur sa compagne Chahinez. «Il a fait quatre mois de prison mais cela n’a rien empêché», confie au «Parisien» une amie de la victime. Le quadragénaire avait l’interdiction de s’approcher de son ex-compagne, mais il n’était pas muni d’un bracelet anti-rapprochement. Selon un voisin, les familles auraient fait pression pour que le couple se reforme, contre la volonté de Chahinez. «Nous lui disions de partir depuis plusieurs mois car cet homme était violent on le savait, et elle aussi, mais elle est restée», témoigne un riverain.

«Il y a quelque temps, il a tenté de l’étrangler devant la supérette au bout de la rue. Il était dangereux», confient à «Sud Ouest» des habitantes en colère. Elles ajoutent: «Elle avait trouvé la force de se séparer, au printemps dernier, quand son mari a été condamné à de la prison après l’avoir une nouvelle fois frappée. Mais il est ressorti en septembre ou octobre. Depuis, il la harcelait, l’espionnait, la suivait», expliquent-elles, précisant que la police avait été prévenue.

Devant la maison de la victime, sa meilleure amie est effondrée: «Chahinez savait ce qui allait lui arriver. Elle nous l’avait dit en nous suppliant de nous occuper de ses enfants lorsque ce jour arriverait. Pourquoi personne n’a rien fait pour empêcher cet homme de lui faire du mal et de lui ôter la vie? Nous ses amies, nous nous sentons totalement impuissantes», pleure-t-elle. Les trois enfants, âgés de 3, 7 et 11 ans, vivaient au domicile de la victime, mais «ne s’y trouvaient pas au moment des faits», selon le parquet, précisant qu’ils avaient «fait l’objet d’une prise en charge psychologique par le Samu».

Plusieurs associations ont mis en cause l’action de l’État. «En plus d’être multirécidiviste, il avait une arme à feu! Encore! Mais que fait Gérard Darmanin?» a tweeté Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui demande le retrait systématique des armes à feu aux conjoints violents dès le premier signalement. «Inaction de l’État», a aussi réagi sur le réseau social l’association Osez le féminisme, estimant que «tout le monde savait qu’il était dangereux et armé».

Le ministère de l’Intérieur a annoncé en février avoir demandé aux préfets de «systématiquement saisir les armes des conjoints violents dès la plainte», une mesure permise depuis le «Grenelle» contre les violences conjugales organisé en 2019, mais encore trop peu appliquée selon les associations. En 2020, 90 féminicides ont été officiellement recensés en France, contre 146 l’année précédente.

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