Ville de GenèveEn pleine séance, «il a renversé ma chaise et m’a frappé»
Une réunion à la fondation communale Fondetec s’est achevée en pugilat. Un membre du Conseil a été cogné par un collègue, qui livre un autre récit. Deux plaintes ont été déposées.

À gauche, Esteban Muñoz (EàG), et à droite, Thomas Zogg (MCG), membres du Conseil de la fondation communale Fondetec. Le premier accuse le second de l’avoir roué de coups.
drL’ambiance est délétère au sein du Conseil de la fondation publique Fondetec, qui soutient des entreprises en Ville. L’un de ses membres (ndlr: désignés par les partis représentés au délibératif communal) en a cogné un autre, en pleine séance, le 26 janvier dernier. Esteban Muñoz (Ensemble à Gauche-EàG) a décrit jeudi son agression et a annoncé avoir déposé plainte contre le MCG Thomas Zogg, pour lésions corporelles simples et insultes.
Le plaignant raconte un passage à tabac, après une divergence d’opinion. Lors de cette fameuse séance, son collègue «a marché dans ma direction en m’insultant, il a renversé ma chaise et s’est mis à me rouer de coups de poing alors que j’étais au sol (…) Il a fallu deux de mes collègues pour le faire cesser». Le Mouvement Citoyen Genevois s’inscrit en faux sur ce descriptif (encadré ci-dessous).
Révocation demandée
Présidente du cénacle de la Fondetec, Catherine Thobellem (Les Verts) n’a pas voulu réagir. Elle entend réserver ses réponses à la justice et au Conseil municipal, organe de surveillance du Conseil de fondation et seul à pouvoir révoquer l’un de ses membres.
Dans un document en mains du délibératif de la Ville, la Fondetec signale cependant que par le passé, des «emportements» du représentant MCG «ont déjà porté atteinte» à la bonne marche de son Conseil, qui «ne peut plus fonctionner dans sa composition actuelle». Les évènements du 26 janvier sont qualifiés de «graves»; et au vu du «risque de réitération», ils motivent une «suspension immédiate à titre provisionnel» et une «demande de révocation» de Thomas Zogg.
Déjà un passif
Ce dernier n’en est pas à son coup d’essai. En 2018, une collègue de parti avait déposé plainte contre lui pour menaces et injures; plainte classée après des excuses du quérulent. Celui-ci s’est aussi signalé par des attitudes jugées excessives et menaçantes, en plénière ou en coulisses, lorsqu’il siégeait au Conseil municipal de la Ville, avant 2020. Des élus qui l’ont côtoyé régulièrement le décrivent comme un personnage agressif, qui «peut parfois vriller».
La version alternative du MCG
Le Mouvement citoyen genevois livre une tout autre lecture de la séance explosive du 26 janvier à la Fondetec. C’est son représentant qui aurait été frappé en premier, assure-t-il: «Suite à un désaccord avec la présidente de séance, il (ndlr: Thomas Zogg) a pris la décision de partir. Il en a été empêché par le représentant d'Ensemble à Gauche qui se serait agrippé à lui, puis l'aurait frappé; notre représentant aurait été dès lors contraint de répliquer pour pouvoir partir». Ce dernier a aussi déposé plainte. Le groupe MCG du Municipal a par ailleurs demandé la révocation d’Esteban Muñoz, contre qui il exige des «sanctions graves». Thomas Zogg n’a pas souhaité s’exprimer «afin de ne pas interférer avec le cours de la justice.» Sa formation politique dit assumer le choix de l’avoir désigné à la Fondetec.
Accusations politiques
Un comité de soutien à Esteban Muñoz, constitué de représentants syndicaux et de partis d’extrême-gauche, estime que l’agression perpétrée par le représentant MCG est «politique». Elle serait symptomatique de la «violence et des discours de haine» du parti anti-frontaliers. Ce dernier juge, lui, que la dénonciation publique de son représentant à la Fondetec est une «manipulation» et qu’à deux mois des élections cantonales, notamment, il s’agit d’une «récupération politique». Ce que le comité réfute: «Ces faits auraient pu se dérouler après les élections, ils seraient tout aussi graves.»