Le hérisson désormais «quasi-menacé» d’extinction

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EnvironnementLe hérisson désormais «quasi-menacé» d’extinction

L'animal est sur la liste rouge mondiale des espèces menacées. Et c'est l'humain, par la circulation routière ou les pesticides, qui cause sa perte.

Un hérisson photographié en Autriche, un des pays où il est recensé et où sa population a diminué de plus de la moitié.

Un hérisson photographié en Autriche, un des pays où il est recensé et où sa population a diminué de plus de la moitié.

IMAGO/Harald Dostal

La population de hérissons ouest-européens est en déclin, poussés hors de leurs habitats par l’expansion urbaine et fauchés sur les routes par les automobiles. Dans la Liste rouge actualisée de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), publiée lundi à Cali (Col) lors de la COP 16, l’Erinaceus europaeus est passé de la catégorie «préoccupation mineure» à «quasi-menacé» d’extinction.

Sa population a diminué dans plus de la moitié des pays où il est recensé, essentiellement au Royaume-Uni, en Norvège, en Suède, au Danemark, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Autriche.

Le hérisson «est très proche d’être «vulnérable» et il est probable qu’il entrera dans cette catégorie la prochaine fois que nous l’évaluerons», alerte Sophie Rasmussen, chercheuse à l’unité sur la conservation de la faune sauvage de l’Université d’Oxford (GB), selon laquelle «les humains sont les pires ennemis des hérissons».

Défense vaine face aux voitures

Pour se protéger des prédateurs naturels comme les blaireaux, les renards ou les chouettes, le hérisson se met en boule, utilisant les 8000 piquants sur son dos comme repoussoir. Mais face à une voiture, la stratégie ne suffit pas, explique Sophie Rasmussen.

Les autres menaces qui planent sur l’espèce sont les pesticides utilisés par l’industrie agricole ou dans les jardins des particuliers, ainsi que le déclin des insectes qui constituent une grande partie de son alimentation.

Des jardins accueillants

Sophie Rasmussen invite chacun à agir car, selon elle, la survie des hérissons «va se jouer dans les jardins». Elle encourage à créer des «autoroutes pour hérissons», c’est-à-dire un trou dans la clôture pour leur permettre d'y entrer la nuit, et à parsemer leur chemin d'eau et de déchets alimentaires.

«La meilleure chose que vous puissiez faire est de laisser votre jardin à l’état sauvage pour attirer tout ce dont un hérisson a besoin pour se nourrir: insectes, vers de terre, escargots et limaces», conseille la chercheuse.

Refuser d'être à l'origine de leur extinction

Les hérissons vivent généralement 2 ans, bien que certains cas âgés de 9 ou même 12 ans aient été documentés. Ils peuvent se reproduire dès la fin de leur première année, avec des portées de trois à cinq petits.

«Cela veut dire que de nombreux hérissons ne se reproduisent qu’une, voire deux fois, s’ils sont chanceux, avant de mourir», soit juste assez «pour maintenir la population à niveau», indique l’experte.

«Ce n’est pas comme si le monde allait s’effondrer demain si les hérissons disparaissent, mais pouvons-nous vraiment accepter le fait que nous causions leur extinction?» se demande-t-elle. «Et si nous laissons faire ça pour une espèce aimée, dont nous nous soucions vraiment, qu’en sera-t-il de toutes les espèces dont nous ne nous soucions pas ?» conclut-elle.

Les arbres aussi en danger

Selon la même liste rouge, au moins 16'425 des 47'282 espèces d’arbres évaluées sont menacées d’extinction, soit plus d’une espèce sur trois. La déforestation, la surexploitation du bois, les parasites, les espèces invasives ainsi que le changement climatique font partie des principales menaces.

Par ricochet, la disparition d’espèces d’arbres fait peser une menace majeure sur des milliers d’autres plantes, champignons et animaux qui partagent leurs écosystèmes.

Sans oublier l’humanité, qui dépend elle aussi des forêts pour son alimentation, le bois de chauffage ou de construction, les médicaments, l’assainissement de l’air et la régulation du climat, par l’absorption de sa pollution carbone.

Parmi les espèces menacées figurent le marronnier d’Inde, connu pour ses vertus médicinales, le mahogany grandes feuilles - un acajou précieux d’Amérique latine pour la construction et le mobilier - ainsi que de nombreuses espèces d’eucalyptus et de magnolia.

(afp)

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