EspaceAriane 6 prête à décoller avec un satellite militaire français
Après plusieurs reports, la fusée européenne Ariane 6 est prête à décoller lundi de Kourou. Cette mission doit sceller la souveraineté stratégique retrouvée de l’Europe.

La fusée Ariane 6, à Kourou, en Guyane française.
AFP/archivesAprès plusieurs reports, la fusée européenne Ariane 6 est prête à décoller lundi de Kourou, en Guyane française, pour son premier vol commercial emportant un satellite militaire de surveillance et de renseignement.
Cette mission doit sceller la souveraineté stratégique retrouvée de l’Europe dans un contexte géopolitique chamboulé avec un rapprochement spectaculaire entre les Etats-Unis et la Russie.
Elle est très attendue par l’armée française pour compléter sa mini-constellation de surveillance terrestre et de renseignement militaire avec le troisième et dernier satellite CSO-3 qui attend de rejoindre les deux autres depuis 2022.
Après le vol inaugural réussi d’Ariane 6 en juillet, un an après le dernier d’Ariane 5, ce lancement sécurise l’accès autonome de l’Europe à l’espace dont elle a été privée pendant plusieurs mois, ne pouvant plus disposer de Soyouz depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022.
L’autre fusée européenne légère, Vega-C, n’a repris les vols qu’en décembre 2024 après avoir été clouée au sol pendant deux ans après un accident ayant entraîné la perte de satellites.
«Le monde entier nous regarde», a déclaré le nouveau patron d’Arianespace, David Cavaillolès.
«Ce sera une transformation de l’essai qui a été marqué en milieu d’année dernière» pour ouvrir la voie aux cinq lancements prévus avec la fusée Ariane 6 cette année, souligne pour sa part Lionel Suchet, le PDG par intérim du Cnes, le Centre national d’études spatiales.
«Concentrés»
Initialement envisagée en décembre, puis fixée au 26 février, la mission a été reportée au 3 mars à 13h24, heure de Kourou (17h24 en Suisse), une pratique courante dans le secteur spatial.
«Tous les lancements sont des choses à risque. Il peut se passer des problèmes sur le lanceur, sur le satellite. On s’assure que tout soit prêt et si on prend quelques semaines de plus, quelques mois de plus, ce n’est pas un problème», souligne M. Suchet. «Cette mission est tout aussi importante qu’un vol inaugural. Il faut les réussir», a déclaré Carine Leveau, directrice du transport spatial au Cnes.
Les équipes sont «concentrées» parce que «quels que soient le passager (ndlr, le satellite embarqué) ou la maturité du lanceur, c’est toujours quelque chose de compliqué et de délicat qui peut très rapidement mal se terminer», ajoute-t-elle.
Les spécialistes ont d’abord pris leur temps pour examiner les données issues du vol inaugural qui n’emportait pas de satellites commerciaux, mais seulement une dizaine de micro-satellites d’universités. Le dernier retard du lancement a été provoqué par des problèmes logistiques concernant les moyens de transport du satellite.
«Ce n’est pas le satellite qui est en cause, il va bien. Ce n’est pas le lanceur qui est en cause, il continue sa préparation et tout va bien», a rassuré M. Suchet.
Trois Rafale à Kourou
Le lancement va être entouré de mesures de sécurité draconiennes avec notamment trois Rafale assurant la sécurité de la mission. Des mesures supplémentaires seront prises pour limiter l’accès à certaines salles et certains systèmes.
«Le satellite doit être protégé, il emporte des instruments particuliers qui ne peuvent pas être visibles de n’importe qui», explique Mme Leveau.
Cette constellation «renforce notre autonomie militaire», souligne auprès de l’AFP Philippe Steininger, consultant défense du Cnes.