EspaceLe premier vol commercial d’Ariane 6 replanifié pour le 6 mars
Avorté au dernier moment lundi, le décollage d’Ariane 6 est désormais prévu ce jeudi 6 mars depuis Kourou à 17h24 (heure suisse).

Initialement prévue en décembre, la mission avait déjà été reportée au 26 février, puis au 3 mars.
AFPLe premier lancement commercial de la fusée européenne Ariane 6 avec un satellite militaire, interrompu lundi au dernier moment pour une anomalie au sol, est désormais planifié pour jeudi depuis Kourou, en Guyane française, a annoncé mercredi Arianespace.
«Les investigations menées sur un équipement sol en interface avec le lanceur» à la suite de «la tentative du 3 mars, permettent désormais à Arianespace d’envisager un lancement le 6 mars 2025 à 13h24, heure locale à Kourou», soit 17h24, heure suisse, a précisé Arianespace dans un communiqué.
«Ariane 6 et son passager, le satellite CSO-3, sont dans des conditions stabilisées et en sécurité», a conclu la communication du groupe. Le lancement avait été avorté lundi, trente minutes avant le décollage prévu, en raison du dysfonctionnement d’une vanne sur un des tuyaux d’avitaillement du lanceur.
Symbolique
Initialement prévue en décembre, la mission avait déjà été reportée au 26 février, puis au 3 mars, une pratique courante dans le secteur spatial. Cette mission, hautement symbolique, vise à sceller la souveraineté retrouvée de l’Europe spatiale, en plein contexte de rapprochement entre les États-Unis et la Russie.
Le satellite CSO-3 (pour «composante spatiale optique»), qu’Ariane 6 doit placer sur une orbite à 800 kilomètres, va compléter la mini-constellation de surveillance de la Terre pour le Ministère français de la défense et améliorera ses capacités de renseignement. Il attend depuis 2022 d’être lancé; deux autres satellites, CSO-1 et CSO-2, déjà positionnés, avaient été envoyés en 2018 et 2020 par des vaisseaux russes Soyouz.
En Europe, seules la France et l’Italie disposent de satellites militaires (respectivement cinq optiques avec celui qui doit être lancé et deux radars). Les États-Unis comme la Chine comptent «des centaines» de satellites militaires ou civils et militaires, a dit à l’AFP Philippe Steininger, auteur du livre «Révolutions spatiales» et consultant du CNES, l’agence spatiale française.
«L’Europe doit assurer sa propre sécurité»
Après le vol inaugural réussi d’Ariane 6 en juillet, un an après le dernier vol d’Ariane 5, ce premier lancement embarquant un satellite commercial doit sécuriser l’accès autonome de l’Europe à l’espace, dont elle a été privée pendant plusieurs mois, car ne pouvant plus disposer de Soyouz depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022.
L’autre fusée européenne légère, Vega-C, n’a repris les vols qu’en décembre 2024, après avoir été immobilisée pendant deux ans dans la foulée d’un accident ayant entraîné la perte de satellites.
«L’Europe doit assurer sa propre sécurité», avait défendu lundi le directeur du transport spatial de l’Agence spatiale européenne, Toni Tolker-Nielsen, en insistant sur la nécessité de viser plus de lancements annuels avec Ariane 6, jusqu’à 12, contre cinq prévus en 2025.