EspagneL'enquête contre l’épouse du Premier ministre se poursuit
La justice a refusé mercredi de classer l'affaire, comme le demandait le parquet. Elle estime avoir des indices suffisants pour continuer à creuser.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, en compagnie de sa femme, Begona Gomez, photographiés ici en 2019, à Londres.
AFPC'est une enquête qui a déjà causé beaucoup de bruit et de rebondissements: le 24 avril dernier, le Premier ministre espagnol avait annoncé se mettre en retrait de ses activités en raison de la procédure qui avait été ouverte contre son épouse, Begona Gomez. Pedro Sanchez avait dénoncé un acharnement des «médias fortement marqués à droite et à l’extrême droite» et une «stratégie de harcèlement et de démolition».
Après avoir même envisagé de démissionner, Pedro Sanchez avait fini par rester à son poste, ce que l'opposition n'avait pas manqué de railler, affirmant que cette pause n'était qu'une mise en scène.
Le Premier ministre était surtout fermement convaincu que sa femme n'avait commis aucun des faits de corruption et de trafic d’influence qui lui étaient reprochés. Le parquet avait la même vision des choses puisqu'il avait requis fin avril «l’annulation» de la procédure et «le classement sans suite de l’affaire». Un récent rapport de la Garde civile concluait lui aussi à une «absence d’affaire».
Pas juste «de simples soupçons»
Mais la justice n'a pas voulu suivre le même chemin. Mercredi, elle a donc rejeté la demande de classement du parquet, estimant avoir des éléments «suffisants» pour justifier la poursuite des investigations. «Il existe des indices concernant la commission présumée d’un délit» qui sont «suffisants» pour que cette enquête préliminaire se poursuive, a statué dans une décision consultée par l’AFP un tribunal de Madrid, estimant que ces indices étaient «plus que de simples soupçons».
Si cette annonce est un désaveu pour le parquet, c'est aussi un sérieux revers politique pour Pedro Sanchez, l’opposition de droite voyant dans cette enquête une confirmation de ses accusations de corruption contre le Premier ministre socialiste et de son gouvernement.
Interrogé mercredi, le ministre de la Justice, Félix Bolanos, a assuré que le rapport de la Garde civile avait «démonté une à une toutes les fausses accusations» contre Begona Gomez. «Il n’y a rien de rien» dans ce dossier et «plus tôt cette enquête sera classée, mieux ce sera», a-t-il insisté.
Plainte sur la base d'articles de presse
Cette enquête porte sur des faits présumés de corruption et de trafic d’influence. Elle a été ouverte le 16 avril après une plainte d’un collectif proche de l’extrême droite visant l’épouse de Pedro Sanchez. Depuis, ce collectif a reconnu que sa plainte reposait uniquement sur des articles de presse.
Selon le média en ligne «El Confidencial», qui a révélé l’existence de l’enquête, la justice s’intéresse notamment aux liens de Begona Gomez avec le groupe touristique espagnol Globalia.
Son PDG, propriétaire de la compagnie aérienne Air Europa, aurait rencontré Begona Gomez alors que le groupe négociait avec le gouvernement l’octroi d’une aide publique en pleine pandémie de Covid-19. Begona Gomez dirigeait alors une fondation qui avait signé un accord de parrainage avec Globalia.