Madrid: Un ripou cachait des millions dans les murs de sa maison

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EspagneUn ripou planquait des millions dans les murs de sa maison

Un haut responsable policier suspecté d'avoir collaboré des années avec des narcotrafiquants est en prison. Tout comme sa femme, elle aussi policière.

Une partie des 13 tonnes de cocaïne interceptées mi-octobre à Algésiras, saisie qui a permis de faire le lien entre le haut responsable policier qui servait d'informateur aux narcotrafiquants.

Une partie des 13 tonnes de cocaïne interceptées mi-octobre à Algésiras, saisie qui a permis de faire le lien entre le haut responsable policier qui servait d'informateur aux narcotrafiquants.

AFP

Vingt millions d’euros en espèces étaient dissimulés dans les murs de sa maison: un haut responsable policier a été écroué en Espagne pour ses liens présumés avec des narcotrafiquants, dans le cadre d’une enquête ayant permis une saisie record de cocaïne.

Décrit comme discret et travailleur, Oscar Sanchez Gil occupait il y a quelques jours encore le poste prestigieux de chef de l’unité de lutte contre les délits économiques et fiscaux (UDEF) de la police espagnole à Madrid.

Il a été arrêté la semaine dernière avec quinze autres personnes, dont sa compagne, également fonctionnaire de police dans la région de Madrid, a indiqué mardi une source policière.

Vingt millions chez lui, un million au bureau

Lors de ce coup de filet, 20 millions d’euros en espèces ont été découverts dans les murs et les plafonds de sa maison à Alcalá de Henares, ville située à une trentaine de kilomètres de Madrid.

Durant les perquisitions, les enquêteurs ont également retrouvé des coupures de 50 à 500 euros dans le bureau du suspect, pour un montant total d'un million. Cet argent était dissimulé dans deux armoires fermées à clé, selon la même source policière.

A l’issue de leur garde à vue, Oscar Sanchez Gil et son épouse ont été présentés à un juge de l’Audience nationale, la juridiction madrilène chargée des affaires pénales les plus graves et complexes. Ils ont été mis en examen pour «trafic de drogue», «corruption», «blanchiment d’argent» et «appartenance à une organisation criminelle» et placés en détention provisoire, selon une source judiciaire.

La plus grande saisie de drogue en Espagne

Selon les médias espagnols, ces arrestations sont liées à la saisie, le 14 octobre dernier, de 13 tonnes de cocaïne dans le port d’Algésiras, en Andalousie. La drogue était camouflée parmi des bananes dans un conteneur en provenance de l’Equateur. Cette opération avait été présentée par les autorités espagnoles comme «la plus grande saisie de l’histoire du trafic de drogue en Espagne» et «l’une des plus grandes saisies au niveau mondial».

Le conteneur, en provenance du port de Guayaquil, était destiné selon la police «à un importateur espagnol» basé à Alicante «qui recevait depuis des années de grandes quantités de fruits importés de l’Equateur».

Liens entre le suspect et les trafiquants

Après cette saisie, plusieurs domiciles et bureaux ont été perquisitionnés à Madrid et Alicante. Des opérations qui ont permis, selon ces médias, de révéler des liens entre l’importateur d'Alicante et Oscar Sanchez Gil.

D’après la chaîne de télévision La Sexta, les enquêteurs soupçonnent le haut responsable policier d’avoir réalisé par le passé des «transactions» avec cet importateur, via une entreprise dont il est propriétaire.

Selon le quotidien «El Mundo», le chef de l’unité de lutte contre les délits économiques, passé par la brigade de lutte contre le trafic de stupéfiants, était déjà dans le viseur de ses collègues, qui l’avaient placé sur écoute.

Il les informait des contrôles prévus

Ce père de trois enfants, installé dans une maison en briques protégée par des grilles en métal, aurait en réalité travaillé sans doute depuis «au moins cinq ans» pour les trafiquants, selon une source citée par le quotidien.

Durant ces années, ce quadragénaire leur aurait fourni des informations sur la surveillance des conteneurs dans les ports espagnols, ce qui leur aurait permis d’éviter les contrôles, selon une source proche de l’enquête.

Si son train de vie n’avait rien d'ostentatoire, les importantes sommes d’argent retrouvées chez lui ont conduit des policiers, cités par «El Mundo», à comparer sa maison «à celle de Pablo Escobar», le célèbre baron de la drogue colombien mort en 1993.

D’après ce quotidien, une partie de l’argent amassé par Oscar Sanchez Gil ces dernières années aurait été blanchie via l’achat de cryptomonnaies et d’une importante flotte de VTC, déclarée au nom d’une de ses proches.

(afp)

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