Espagne: Lopera défend ses oliviers face aux panneaux solaires

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EspagneUn village défend ses oliviers face aux panneaux solaires

Dans le village de Lopera, en Espagne, les cultivateurs d’olives pourraient être expropriés pour faire la place à des centrales solaires. Ils font de la résistance.

Si les oliviers sont arrachés, «ça va détruire notre mode de vie», déplore Francisco Campos. AFP

Si les oliviers sont arrachés, «ça va détruire notre mode de vie», déplore Francisco Campos. AFP

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Dans son champ en Andalousie, Francisco Campos contemple, inquiet, des arbres centenaires menacés par un projet de parc photovoltaïque. «Abattre des oliviers pour mettre des panneaux solaires, c’est un crime», peste l’agri­culteur. À Lopera, à 200 km au nord-est de Séville, tout ou presque tourne autour de l’huile d’olive, dont l’Espagne est l’exportateur mondial No 1.

Les terres fertiles de cette commune proche du fleuve Guadal­quivir attirent aussi des entreprises du secteur de l’énergie, qui ont conclu des accords pour louer la grande majorité de ces terrains. Elles se heurtent encore à l’opposition de petits propriétaires, que le gouvernement régional veut exproprier au nom de l’intérêt public. «Qu’on me prenne ces terrains pour les donner à une entreprise et lui permettre de gagner de l’argent, en quoi est-ce de l’intérêt public?» proteste Francisco Campos.

Près de 100'000 oliviers arrachés?

Avec 3000 heures de soleil par an, l’Andalousie est une des régions espagnoles comptant le plus de centrales photovoltaïques. À Lopera, les habitants se doutaient donc que leurs terrains susciteraient des convoitises. «Mais nous n’aurions jamais pensé qu’ils procéderaient à des expropriations», avoue Rafael Alcala, porte-parole de la plateforme Campiña Norte. Cette association dit que la construction des huit parcs solaires, actuellement, sur la commune pourrait se traduire par l’arrachage de 100’000 oliviers. Le gouvernement régional évoque 13’000 arbres en moins.

«Ces terres nous viennent de nos ancêtres. Maintenant, qu’est-ce que je vais donner à mes enfants?»

Maria Josefa Paloma, retraitée

L’Union photovoltaïque espagnole, qui regroupe 800 entreprises, met, quant à elle, en avant les retombées pour les communes. «Des montants très importants, qui permettent une amélioration des services publics dans le village», relève son directeur général. Des calculs contestés par les habitants de Lopera, prêts à se battre «jusqu’au bout».

Une grosse source de revenus en danger

Avec ses centaines de milliers d’hectares d’oliviers, la province de Jaén, où se trouve Lopera, concentre 37% de la production d’huile d’olive du pays. Ici, «l’huile, c’est tout», résume l’agriculteur Juan Cantera. Pour la coopérative La Loperana, perdre 500 hectares d’oliveraies priverait le village de 2,2 millions d’euros de revenus annuels. Pour les cultivateurs de Lopera, qui ont lancé une procédure judiciaire contre le gouvernement régional et contre les entreprises qui portent ces projets, il y a donc urgence.

(afp)

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