Voitures américaines: les pick-up victimes des droits de douane de Trump

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États-UnisPrisés des Texans, les pick-up victimes des taxes de Trump

À Houston, 80% des nouvelles voitures vendues en 2024 étaient des pick-up. Mais si elles sont assemblées aux États-Unis, de nombreuses pièces viennent de l'étranger.

À Houston, la ville la plus peuplée du Texas avec 2,3 millions d'habitants, ces véhicules ont représenté 80% des ventes d'automobiles neuves en 2024, selon une association de concessionnaires locaux.

À Houston, la ville la plus peuplée du Texas avec 2,3 millions d'habitants, ces véhicules ont représenté 80% des ventes d'automobiles neuves en 2024, selon une association de concessionnaires locaux.

Getty Images via AFP

Craignant que la «paranoïa» ne gagne les consommateurs à cause des droits de douane de 25% imposés par Donald Trump sur toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux États-Unis, Arthur Bibbs a décidé d'anticiper en achetant sans attendre un pick-up d'occasion. «J'ai peur que les gens deviennent paranoïaques avant qu'il y ait un réel impact», explique à l'AFP cet homme de 38 ans, qui s'est rendu chez un concessionnaire du Texas «avant que les choses se compliquent».

Dans cet État du sud des États-Unis, où les secteurs du pétrole, de l'agriculture, de l'élevage et de l'énergie sont prédominants, les habitants sont nombreux à opter pour des véhicules tout-terrain, comme des pick-up ou des SUV. À Houston, la ville la plus peuplée du Texas avec 2,3 millions d'habitants, ces véhicules ont représenté 80% des ventes d'automobiles neuves en 2024, selon une association de concessionnaires locaux. À 74%, cette proportion est à peine inférieure dans l'ensemble du pays, avec des modèles des constructeurs Ford et Chevrolet parmi les plus vendus.

Pas 100% «Made in USA»

Mais même les véhicules produits par ces marques américaines emblématiques ne sont pas 100% «Made in USA»: les modèles assemblés aux États-Unis utilisent de nombreuses pièces détachées provenant de l'étranger, entre autres du Mexique ou du Canada voisins. «Si vous assemblez aux États-Unis, mais que les composants viennent de l'extérieur, il est évident que les prix s'en ressentiront», affirme Tino Ruiz, propriétaire d'une concession de voitures d'occasion à Magnolia, au nord de Houston.

Les États-Unis imposent des droits de douane de 25% depuis la semaine dernière à toutes les voitures qui n'y sont pas fabriquées, des surtaxes qui s'appliqueront également aux pièces détachées importées à compter du 3 mai. Ces tarifs douaniers s'ajoutent aux taxes déjà en vigueur, comme la «chicken tax», d'une valeur de 25%, qui frappait les importations de camions légers et de pick-up depuis les années 60.

De 3000 à 10'000 dollars d'augmentation

Le but affiché par Donald Trump est d'attirer des industriels aux États-Unis, mais les effets à long terme de cette politique restent imprévisibles. Les droits de douane «ne manqueront pas d'ébranler les chaînes d'approvisionnement du secteur (automobile) tout en augmentant les coûts pour les consommateurs», a estimé le Centre des études stratégiques et internationales (CSIS) sur son site internet, deux jours avant leur entrée en vigueur.

Selon RoShelle Salinas, la vice-présidente de l'association des concessionnaires automobiles de Houston, les droits de douane pourraient se traduire dans un premier temps par «une légère augmentation des achats parce que les clients, inquiets à cause des prix, cherchent à anticiper d'éventuelles augmentations».

Celles-ci pourraient aller de 3000 à 10'000 dollars en fonction des modèles, alors que le prix moyen d'un véhicule neuf aux États-Unis est déjà de 52'000 dollars (et «nettement plus» pour les pick-up), rappelle-t-elle.

«Si vous voulez leur imposer des droits de douane, fabriquez de meilleures voitures»

Tino Ruiz

«Je ferai plus de bénéfices, mais je devrai payer plus cher pour acheter plus de véhicules», estime Tino Ruiz, qui précise que «toute augmentation de (ses) coûts d'achat sera répercutée sur le client». Arthur Bibbs, son premier client du mois, s'est décidé à acheter son pick-up d'occasion en pensant qu'il «n'en aurait peut-être plus le loisir» par la suite.

Son choix s'est porté sur une marque américaine. «Je pensais à l'entretien et aux pièces de rechange dont je pourrais avoir besoin», qui seront moins chères si elles commencent à être fabriquées aux États-Unis, pense-t-il. Pour Tino Ruiz, la concurrence ne doit pas subir d'entraves, pour laisser aux clients le choix d'acheter les véhicules qu'ils souhaitent.

Les voitures américaines «commencent à avoir des problèmes au-delà de 160'000 km», assure-t-il, alors que «les japonaises Toyota ou Honda vont jusqu'à 320'000 km». «Si vous voulez leur imposer des droits de douane, fabriquez de meilleures voitures», assène-t-il.

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(afp/nc)

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