États-UnisUne juge bloque le gel des subventions fédérales décidé par Trump
Donald Trump souhaite faire un état des lieux des subventions fédérales, afin de s’assurer de leur conformité avec «les priorités présidentielles».
![Donald Trump et la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, à bord d’Air Force One, le 27 janvier 2025. Donald Trump et la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, à bord d’Air Force One, le 27 janvier 2025.](https://image.20min.ch/2025/01/28/674eae3f-c8b9-4045-8762-8e09d4dfebbe.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C4000%2C2667&s=4febe5c5362015bf02008f2c8281bf11)
Donald Trump et la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, à bord d’Air Force One, le 27 janvier 2025.
AFPAprès une journée de confusion mardi aux États-Unis, une juge fédérale a décidé de suspendre le gel de plusieurs milliards de dollars d’aides publiques décidé par Donald Trump, l’opposition démocrate dénonçant un «braquage» du républicain qui multiplie les annonces fracassantes.
Le point de départ est un mémo publié tard lundi soir par la Maison-Blanche, demandant aux ministères et agences fédérales de geler une partie des dépenses «d’assistance» -- subventions et allocations notamment -- et d’en faire une revue d’ensemble afin de s’assurer de leur conformité avec «les priorités présidentielles».
«Mesure très responsable»
Cela concerne potentiellement des centaines, voire des milliers de milliards de dollars irriguant tout le pays. Une «mesure très responsable», a assuré lors d’un point de presse la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, qui a affirmé que les programmes d’aide aux particuliers n’étaient pas concernés par ce gel, citant notamment le système d’assurance maladie réservé aux seniors.
Mais qui a suscité beaucoup d’inquiétude chez de nombreux bénéficiaires, et poussé plusieurs ONG et organisations représentants les petites entreprises à déposer un recours auprès d’un tribunal fédéral de Washington, jugeant le document «dénué de toute base juridique ou de la plus simple justification».
Mais la juge fédérale de Washington saisie du dossier a ordonné, dès mardi après-midi, la suspension immédiate, et jusqu’à lundi prochain 3 février, du décret, le temps d’aller au fond du dossier. Les procureurs généraux de 23 États ont aussi annoncé vouloir contester ce texte de l’exécutif.
«Un braquage»
Et l’opposition démocrate est elle-même rapidement montée au créneau, dénonçant, par la voix du responsable de la minorité démocrate au Sénat Chuck Schumer, une «décision illégale, dangereuse, destructrice, cruelle».
«C’est un braquage, réalisé à l’échelle nationale», a-t-il aussi cinglé, «le président ne peut ignorer la loi, et nous combattrons cette initiative par tous les moyens». «Les Américains devraient se demander si c’est woke de financer la recherche contre le cancer ou la reconstruction d’un pont délabré», a ajouté la sénatrice de l’État de Washington Patty Murray.
Selon la professeure de droit à l’Université Columbia Gillian Metzger, «le pouvoir exécutif a la possibilité de reporter ou annuler des dépenses mais uniquement dans des cas particuliers et selon des procédures précises». «Le document actuel ne présente aucune des exigences nécessaires en la matière», a-t-elle ajouté.
La volonté affichée par l’exécutif américain, selon le mémo publié lundi soir, est «d’éliminer le poids financier de l’inflation sur les citoyens, mettre fin aux politiques woke et d’instrumentalisation de l’État». Aux États-Unis, le camp conservateur a fait de la lutte contre le «wokisme», assimilé à une bien-pensance de gauche, un de ses chevaux de bataille.
Réduire le poids de l’État fédéral
L’État fédéral a déboursé l’an dernier plus de 3000 milliards de dollars en matière d’«assistance financière», ce qui inclut bourses, prêts, aides d’urgence en cas de catastrophe naturelle – autant de dépenses approuvées par le Congrès. L’annonce de la Maison-Blanche intervient quelques jours après une mesure similaire de gel des aides apportées par les États-Unis en dehors de leurs frontières, le temps d’un réexamen complet pour jauger leur conformité avec la politique qu’entend mener Donald Trump.
Le républicain a promis pendant sa campagne de réduire le poids de l’État fédéral et de tailler dans les dépenses. «Cette pause temporaire doit offrir au gouvernement le temps de faire le point sur les programmes des agences et déterminer de la meilleure manière d’utiliser les fonds en accord avec la loi et les priorités du président», est-il indiqué dans le memo. Ce texte a été signé par Matthew Vaeth, le directeur par intérim du Bureau du budget et du management (OMB), qui dépend de la Maison-Blanche.
Le Sénat doit encore confirmer la nomination à la tête de l’OMB de Russ Vought, l’un des principaux auteurs de «Project 2025», une feuille de route très conservatrice développée par le groupe de réflexion Heritage Foundation et qui vise à totalement refonder l’État fédéral. Mais ce dernier est déjà à la manœuvre, a souligné Karoline Leavitt durant sa conférence de presse.
L’administration Trump propose des indemnités aux fonctionnaires fédéraux qui veulent partir
L’administration de Donald Trump a proposé mardi aux fonctionnaires fédéraux qui le souhaitent de démissionner tout en conservant leur salaire et avantages sociaux jusqu’à fin septembre, d’après un message envoyé aux employés des agences fédérales américaine et vu par l’AFP.
«On estime que 5 à 10% des effectifs démissionneront, ce qui pourrait permettre de réaliser des économies de l’ordre de 100 milliards de dollars», a déclaré Elon Musk sur X, en republiant un message de son organisation de soutien au président américain.