États-UnisUne loi du 18e siècle pour lutter contre un gang vénézuélien
Donald Trump a invoqué samedi une loi de 1798 pour lutter contre le gang vénézuélien Tren de Aragua.

Le président Donald Trump parle à la presse avant d’embarquer à bord de l’Air Force One à Maryland, le 14 mars 2025.
AFPDans sa lutte contre un gang vénézuélien, Donald Trump a tenté samedi d’invoquer une loi de 1798, utilisée pour la dernière fois pendant la Deuxième Guerre mondiale contre des résidents Japonais, mais sa décision a été bloquée par un juge.
Le président américain avait prescrit l’expulsion de membres présumés du gang de trafiquants de drogue vénézuélien Tren de Aragua, affirmant qu’il avait le droit de les déclarer «ennemis étrangers» en vertu d’une loi utilisée en temps de guerre.
Des défenseurs des droits humains ont saisi la justice et le juge James Boasberg a ordonné samedi une suspension de 14 jours de toute expulsion, jusqu’à ce qu’il dispose de plus de temps pour examiner la légalité du décret.
«Le pouvoir du président Trump» bafoué
Dans un communiqué, la ministre de la Justice Pam Bondi, a critiqué cette décision qui selon elle bafoue «le pouvoir du président Trump, et met en danger le public et les forces de l’ordre». La Maison-Blanche a jusqu’à lundi pour faire appel de la suspension, faute de quoi la prochaine audience aura lieu le 21 mars, a indiqué le juge.
La loi sur les étrangers et la sédition est un texte qui permet au président américain d’arrêter ou d’expulser des citoyens d’une nation ennemie.
Créée en 1798, elle a été utilisée lors de la guerre anglo-américaine de 1812, pendant la Première Guerre mondiale et surtout durant la Deuxième Guerre mondiale, quand 120’000 Japonais et Américano-Japonais ont été internés aux États-Unis.
«Un état criminel hybride»
Donald Trump, qui porte un discours très dur sur l’immigration, veut l’utiliser pour lutter contre les membres du gang vénézuélien Tren de Aragua qui opèrent sur le sol américain.
La Maison-Blanche a estimé samedi dans un communiqué que ce gang entretenait des liens avec le président vénézuélien Nicolas Maduro. «Cela a produit un état criminel hybride qui est en train de commettre une invasion et une incursion prédatrice aux États-Unis», indique le document.
Donald Trump a accusé le Tren de Aragua de mener «une guerre illégale contre le territoire des États-Unis, à la fois directement et sous la direction, clandestine ou non, du régime Maduro».
«Aussi inédite qu’illégale»
Selon la déclaration, la ministre américaine de la Justice, Pam Bondi, dispose de 60 jours pour mettre en œuvre la décision qui rend tous les membres du Tren de Aragua «sujets à une arrestation, une détention et un renvoi immédiats».
Seront susceptibles d’être expulsés tous les membres vénézuéliens du Tren de Aragua de plus de 14 ans qui ne sont pas résidents permanents aux États-Unis ou n’en ont pas la nationalité.
«L’intention de l’administration Trump d’utiliser une autorité de temps de guerre pour l’application des lois sur l’immigration est aussi inédite qu’illégale», a estimé dans un communiqué Lee Gelernt, un responsable de l’organisation de défense des droits humains ACLU. «Il s’agit peut-être de la mesure la plus extrême jamais prise par l’administration, ce qui n’est pas peu dire», a ajouté Lee Gelernt.