Etude mondialeLes boissons sucrées ont du succès, la santé publique décline
Une étude sur la consommation de sodas sucrés des adultes dans 185 pays de 1990 à 2018 vient d’être publiée. Une hausse de 16% a été observée. Décryptage de l’étude avec un expert du CHUV.

Les boissons sucrées connaissent un succès planétaire mais elles représentent un danger pour la santé et causent jusqu’à 184’000 décès par an.
afpC’est la plus grande étude sur les boissons sucrées jamais réalisée dans le monde, et ses résultats viennent d’être publiés dans Nature Communications. Des chercheurs et des institutions universitaires de quelque 185 pays, dont les HUG et le CHUV, ont scruté l’évolution de la consommation des boissons avec sucre ajouté chez des personnes de 20 ans et plus, de 1990 à 2018.
Entre le début et la fin de l’étude, une hausse moyenne de 16% a été enregistrée. Cette augmentation a eu lieu malgré des campagnes de prévention et l’instauration, dans une centaine de pays, d’une recommandation de l’OMS: la taxe soda. «La plupart des taxes datent de 2017, soit un an avant la fin de l’étude, ce qui ne permet pas de voir leur effet. Par ailleurs, les fabricants de sodas se sont adaptés, en réduisant les prix ou en faisant la promotion de volumes individuels plus grands, donc moins chers au litre», analyse le professeur Pedro Marques-Vidal, du CHUV. Selon l’étude, dans les pays développés, les 20-24 ans consomment trois fois plus de sodas sucrés que les retraités.
En hausse dans les pays moins développés
L’expert a constaté un autre phénomène inquiétant: «La consommation continue d’augmenter dans les pays en voie de développement, alors qu’elle est moindre, voire diminue, dans les pays industrialisés.» Une particularité a été remarquée dans des pays comme le Nigeria, l’Éthiopie ou le Pakistan: les boissons sucrées ont la cote chez les personnes ayant un haut niveau d’études.
En 2018, les adultes plus éduqués y consommaient en moyenne trois portions de boissons sucrées de plus par semaine comparativement aux personnes ayant un moindre niveau d’études. Cette tendance est encore plus nette en Afrique noire: les adultes plus éduqués avalaient presque cinq portions de plus par semaine. «Dans certains pays, consommer des sodas est une démonstration de réussite sociale», analyse Pedro Marques-Vidal.
Tessinois moins portés sur le sucre
Une hausse moyenne de 248 ml par semaine a été constatée dans les pays développés. Elle est de 74 ml par semaine en Suisse. Les résultats ont été obtenus grâce au regroupement de données issues de plus de 10’000 adultes vivant en Suisse. La consommation de sodas est de 245 ml/jour en Suisse alémanique, 155 ml/jour en Suisse romande et 140 ml/jour au Tessin, selon une autre étude menée sur l’ensemble de la Suisse, baptisée menuCH. Les sodas sucrés sont associés au diabète, à l’obésité, aux maladies cardiovasculaires, au cancer et aux caries dentaires. Selon une étude d’une revue américaine publiée en 2015, les sodas sucrés ont un impact sur 184’000 décès par an: 133’000 morts à cause des diabètes, 45’000 morts induits par des pathologies cardiovasculaires, 6’450 morts des suites de cancer.
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