Lausanne: Fatigués de Tinder, des célibataires font revivre le speed-dating

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LausanneFatigués de Tinder, des célibataires font revivre le speed-dating

Pour faire des rencontres, certains font revivre une bonne vieille méthode. Reportage dans une soirée Saint-Valentin, où tous les coups de cœur sont permis.

19h15, la soirée débute avec la distribution du «planning» de chacun: des sessions de speed dating entrecoupées de pauses au bar.
Dès 20h, les rounds s’enchaînent, parfois couronnés d’une complicité naissante, parfois poli et courtois, sans plus.
C’est toutefois au bar que la plupart des conversations naissent… ou se poursuivent.
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19h15, la soirée débute avec la distribution du «planning» de chacun: des sessions de speed dating entrecoupées de pauses au bar.

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Néons roses, ballons en cœur, pétales carmins:  en ce mardi soir de Saint Valentin, dans ce bar tamisé de Lausanne, on ne trouve pas (encore) des couples, mais une centaine de célibataires. A l’heure du «burn-out Tinder», ils sont venus goûter aux rencontres en chair et en os, qui font leur retour dans le paysage romand. 

Il est 19h30, et on ressent un certain stress d’anticipation. Certains esprits anxieux peinent à quitter la banquette et attendent l’opportunité d’une conversation plus cadrée, tandis que d’autres papillonnent déjà: la première heure de cette soirée speed-dating sert à briser la glace à l’aide d’un petit jeu qui rend bien service aux plus timides. «J’ai de la peine à aborder des gens, donc ce contexte m’aide bien», confie #26.

Ici tout le monde a un numéro, à reporter sur une feuille en cas de coup de cœur: les contacts seront échangés si celui-ci est mutuel. On oscille entre face à face à table et pause au bar, ouvrant la voie à des contacts plus organiques. «L’avantage, c’est qu’on est tous ici pour la même raison,  donc pas de risque d’aborder une personne est déjà en couple… ou qui veut juste un plan cul», analyse #22.

Une concentration d’opportunités

Et si la plupart des participants recherchent une relation stable, la majorité d’entre eux sont réalistes: «Même si je ne trouve pas l’amour de ma vie, on fait de belles rencontres et on passe un bon moment», sourit #52. Chacun est d’ailleurs très ouvert et discute facilement avec tout le monde: «Ici les filles ont moins peur d’être harcelées et les mecs craignent moins d’être lourds», constate #75.

Dans cette soirée No Swipe, beaucoup de déçus ou de réfractaires aux applications de rencontre profitent de l’aspect rassurant de l’endroit. «Ça tourne en rond sur Tinder, on en a marre», critiquent #73 et #69. «Sur les applis, il y a tellement d’étapes, d’abord il faut matcher, puis que la personne réponde, fixer un rendez-vous, se pointer… Il y a beaucoup de risque que ça foire», regrette #77. «Au moins ici, on sait à qui on parle, pas de tromperie sur la marchandise», rigole #101.

Coup de cœur ou coup dans l’eau

Mais la soirée ne fait pas que des heureux. «S’il n’y a pas le feeling, ou pas d’attirance, on passe cinq longues minutes à meubler», glisse #69… qui repartira sans avoir craqué sur quelqu’un – et elle n’est pas la seule. «Peut être que le côté attendu, forcé, ne m’aide pas à être dedans», juge son amie, qui ne reviendra pas.

Mais d’autres déçus retenteront l’expérience – certains n’en sont d’ailleurs pas à leur premier essai. Et beaucoup ont inscrit un bon nombre de match et guigné des numéros en sirotant leur cocktail au bar. «Moi, tout le monde me plaît ici, même si c’est juste pour faire la fête ou boire un café», clame #68. D’aucun ont même passé un bon bout de la soirée avec la même personne. «On en a vus repartir ensemble le soir même, sans rien dire à personne», rigole Manoah Sauvain, fondateur de NoSwipe. 

Couples ou pas, cette Saint Valentin post-covid et post-Tinder aura en tout cas concentré bienveillance et chaleur humaine dans ce bar lausannois, loin du spleen de février et des froids écrans de smartphone. 

Des cerveaux au lieu d’un algorithme,

Derrière NoSwipe,  qui propose une à deux soirée par mois selon la tranche d’âge, un simple tableau excel. «On aura bientôt un logiciel», se réjouit Manoah Sauvain. Car si l’âge est le seul critère pris en compte actuellement, l’idée est d’enrichir à l’avenir, notamment avec une question sur la distance, car à Lausanne se sont réunis ce mardi des Valaisans, des Biennois ou encore des Fribourgeois, de quoi compliquer l’«après». La question de la parentalité est aussi en réflexion: «Le fait d’avoir un enfant est souvent mentionné comme rédhibitoire», explique son collègue Simon. Mais pas question de devenir un algorithme. «Finalement, une bonne partie des matchs se font au bar, donc hors des critères de recherche», ironise-t-il. 

15% des célibataires consacrent du temps à chercher l’amour

Alors que près de 40% des Romands disent avoir fait des rencontres récentes via des applications dédiées (dont 64% sur Tinder), seuls 3% en ont fait via du speed-dating, et 5% dans des soirées célibataires. Selon un sondage mené par Qualinsight auprès du panel VotreOpinion, seuls 16% des célibataires ont un jour déjà participé à un speed dating, car celui-ci souffre d’une image désuète et intimidante, même s’il est aussi perçu comme divertissant. Pourtant, 57% d’entre eux jugent important de trouver un partenaire, dont 15% qui disent consacrer du temps à cette recherche.

L’intérêt, pour ceux à qui cela plaît, c’est la concentration des opportunités lorsque de nombreux célibataires sont présents en même temps, et la possibilité de leur parler face à face. L’idée de ne pas être seul dans la recherche d’un partenaire est aussi perçue comme rassurante. Pour ceux qui n’aiment pas ça, c’est l’aspect expéditif qui refroidit, car le temps manque pour connecter vraiment; et le manque de personne intéressantes est aussi relevé.

C’est dans la vie de tous les jours et sur les applis dédiées qu’on a le plus de chances de faire des rencontres.

C’est dans la vie de tous les jours et sur les applis dédiées qu’on a le plus de chances de faire des rencontres.

Qualinsight / VotreOpinion.ch

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