Grande-BretagneFemme de djihadiste et «bouc émissaire» facile
Shamima Begum, épouse de djihadiste en Syrie et déchue de sa nationalité britannique, est empêchée de rentrer au Royaume-Uni. Un artiste dénonce une forme de racisme.
Le sculpteur britannique Anish Kapoor a jugé, lundi, que Shamima Begum, qui avait rejoint le groupe djihadiste État islamique en Syrie et a été déchue de sa nationalité britannique, n’aurait pas été traitée de la même façon si elle avait été blanche. Shamima Begum, alors âgée de 15 ans, avait quitté en 2015 avec deux amies le Royaume-Uni, où elle est née et a grandi, pour la Syrie. Sur place, elle a épousé un djihadiste de l’EI d’origine néerlandaise, de huit ans son aîné.
Détenue par une milice kurde dans le camp de Roj, elle veut revenir dans son pays pour demander à récupérer sa nationalité britannique. Elle en avait été déchue en 2019 pour des raisons de sécurité nationale, dans un pays marqué par une série d’attentats en 2017 revendiqués par l’EI. Mais la Cour suprême britannique a refusé le mois dernier son retour. «Shamima est le bouc émissaire tragique d’un gouvernement impitoyable», a affirmé Anish Kapoor dans une déclaration co-écrite par Tasnime Akunjee, l’avocat de la famille de Mme Begum, transmise à l’agence de presse PA.
Quid du pardon chrétien?
«Qu’est-il arrivé au pardon chrétien? Cela ne s’applique pas à une femme - et à une femme à la peau foncée? Il semble que des règles différentes s’appliquent», accuse-t-il. «Peut-être que certains d’entre nous sont plus britanniques que d’autres? Shamima est d’origine bangladaise, est-ce que cela change son droit à la nationalité britannique? Je suis tenté de penser que c’est le cas, surtout à la lumière de l’arrêt de la Cour suprême», a-t-il ajouté.
Il a appelé le Royaume-Uni à faire preuve de «compassion», estimant que «le fait que Shamima veuille revenir au Royaume-Uni montre qu’elle est prête à affronter la justice ici pour ses erreurs passées». Après avoir fui les combats dans l’est de la Syrie, Shamima Begum s’était retrouvée en février 2019 détenue dans un camp où elle a accouché d’un bébé, décédé quelques semaines après sa naissance. Ses deux premiers enfants, nés en Syrie, sont morts eux aussi.
«Elle est prête à affronter la justice ici»
La jeune femme avait affirmé à un journaliste du «Times» ne rien regretter, semblant même justifier les attentats de l’EI commis au Royaume-Uni, choquant l’opinion britannique. Des photos publiées lundi par «The Telegraph» montrent que la jeune femme a délaissé le niqab et changé de look, apparaissant vêtue d’un pull à capuche et de lunettes de soleil.