GenèveFétichiste des pieds condamné pour des appels pervers
Un trentenaire a écopé d’une amende après avoir contacté des femmes et des enfants dans plusieurs cantons romands. Il les questionnait sur leurs pieds tout en se masturbant.

Le prévenu, qui a reconnu les faits et s’en est excusé, a confié être attiré par les pieds des femmes depuis son enfance, niant toutefois aimer ceux des enfants et des adolescentes.
GettyImages«Tu fais quelle pointure?» «Est-ce que tes pieds sentent bon? J’aimerais les lécher ou les masser.» Des propos gênants auxquels de nombreuses femmes ont été confrontées. Depuis 2020, un homme ne peut s’empêcher d’appeler des inconnues, les questionnant sur l’apparence de leurs pieds d’une voix suave.
Amateur de pieds d’enfants
Le harceleur a aussi demandé à parler à leurs enfants, parfois âgés d’à peine 10 ans. Une adolescente de 15 ans a été contactée à cinq reprises. Lors d’une conversation téléphonique, il a confié à l’une de ses victimes «aimer les pieds des petites filles».
Son mode opératoire est toujours le même: il cherche «des prénoms féminins qui sonnent bien à ses oreilles» sur le site local.ch, puis appelle, prétextant parfois un sondage, et interroge ses interlocutrices sur leur âge et leurs pieds tout en se masturbant.
Puni d’une simple amende
Près de dix mamans, basées à Genève, Fribourg, Neuchâtel et dans le canton du Jura, ont porté plainte. Fin juin, le trentenaire, déjà puni pour des faits similaires, a été condamné par ordonnance pénale à une simple amende de 2000 francs. Pour cause, la seule infraction retenue contre lui est… l’utilisation abusive d’une installation de télécommunications.
Comment expliquer cela? Questionné, le Parquet a refusé de commenter sa décision. De manière générale, il indique toutefois qu’un tel comportement «ne représente pas un grave trouble mental aux yeux de la jurisprudence». En outre, «le principe de proportionnalité exclut la possibilité d’ordonner un traitement ambulatoire lorsque la personne écope d’une simple contravention». Néanmoins, avec la réforme du Code pénal suisse, entrée en vigueur le 1er juillet, «l’infraction commise par le prévenu est désormais considérée comme un délit passible d’une peine privative de liberté d’un an».
Il récidive déjà
Si le Genevois assure suivre un traitement médical et s’est excusé de son comportement, cela ne l’a pas empêché de récidiver alors que la procédure judiciaire était en cours. De ses propres aveux, quelques jours avant son audition, pris d’une crise d’angoisse, il a contacté d’autres femmes.
Pour Vincent Vibert, psychiatre à l’Unité de médecine sexuelle et sexologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), rien de surprenant à cela. «Dans des moments d’angoisse ou d’anxiété, la masturbation peut être un moyen de soulager un inconfort psychique. Le suivi psychothérapeutique vise à réduire les comportements dysfonctionnels et délictueux et non à soigner ou corriger l’attirance fétichiste, qui se développe habituellement à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte et reste relativement figée et persistante. La crainte des conséquences pénales peut parfois être un garde-fou.»
Le médecin rappelle «qu’être fétichiste n’est toutefois pas un problème en soi. Cela le devient lorsqu’il y a une souffrance psychologique, une perturbation du fonctionnement ou des actes délictueux.» L’accusé n’a pas fait recours contre sa condamnation.