FranceFillon condamné à 2 ans de prison ferme
L’ex-candidat à la présidentielle a écopé d’une peine de 5 ans d’incarcération, dont 3 avec sursis, dans une affaire d’emplois fictifs. Sa femme a été condamnée à 3 ans avec sursis.

L'affaire des soupçons d'emplois fictifs avait empoisonné la campagne présidentielle du candidat de la droite en 2017.
AFPL'ancien Premier ministre français François Fillon a été condamné lundi à cinq ans de prison, dont deux ferme, dans l'affaire des soupçons d'emplois fictifs de son épouse Penelope. Celle-ci avait fait dérailler sa campagne présidentielle il y a trois ans.
Le tribunal correctionnel a assorti cette peine - non aménageable - d'une amende de 375'000 euros et de dix ans d'inéligibilité. Les juges n'ont pas prononcé de mandat de dépôt. Son épouse a elle été condamnée à trois ans de prison avec sursis, 375'000 euros d'amende et deux ans d'inéligibilité.
Les espoirs de la défense d'une réouverture du procès après des déclarations de l'ancienne patronne du parquet national financier (PNF) Eliane Houlette sur des «pressions» procédurales de sa hiérarchie pendant cette enquête sensible ont été rapidement douchés par le tribunal. Ce dernier a rejeté leur demande en début d'audience.
«Cette décision n'est pas juste»
Les condamnations sont conformes aux réquisitions du PNF. Les avocats du couple Fillon ont immédiatement annoncé faire appel de leur condamnation. «Cette décision, qui n'est pas juste, va être frappée d'appel, (...), il y aura un nouveau procès», a annoncé devant la presse Antonin Lévy, l'avocat de François Fillon.
Marc Joulaud, l'ancien suppléant de François Fillon dans la Sarthe, qui avait également employé frauduleusement Mme Fillon comme assistante parlementaire, a lui été condamné à trois ans de prison avec sursis, 20'000 euros d'amende avec sursis et cinq ans d'inéligibilité. Les trois prévenus ont en outre été condamnés à rembourser plus d'un million d'euros à l'Assemblée nationale pour ces «détournements de fonds publics».
«Aucune consistance»
Pour le tribunal, les contrats d'assistante parlementaire de Penelope Fillon auprès de son mari, puis de Marc Joulaud, entre 1998 et 2013, n'avaient «aucune consistance» et ne répondaient à «aucun besoin».
François Fillon, qui avait défendu la réalité du travail de son épouse, n'a «pas procédé à une remise en question», a souligné la présidente Nathalie Gavarino. Et de qualifier le comportement de l'ancien Premier ministre de «manquement non seulement à son devoir de probité mais aussi à celui d'exemplarité» en tant que parlementaire.
Les époux Fillon sont également condamnés pour les emplois fictifs, en 2006 et 2007, de leurs deux enfants aînés Marie et Charles, embauchés comme assistants parlementaires de leur père quand il était sénateur. Le couple Fillon a encore été reconnu coupable de complicité et de recel d'abus de biens sociaux, pour l'emploi fictif de Mme Fillon à la Revue des deux mondes, un titre aux mains d'un ami de François Fillon. L'ancien Premier ministre a toutefois été relaxé pour ne pas avoir déclaré un prêt de 50'000 euros en 2012.
«Profond sentiment d’impunité»
Le 10 mars, le PNF avait dénoncé le «profond sentiment d'impunité» de celui qui avait «fait de la probité une marque de fabrique» et requis contre lui cinq ans de prison, dont deux ferme, 375’000 euros d'amende et dix ans d'inéligibilité.
Au coeur du procès figuraient les soupçons de détournement de fonds publics entourant les emplois de collaboratrice parlementaire de Penelope Fillon, poursuivie pour des «prestations fictives ou surévaluées».
Ses activités dans la Sarthe auprès de son mari député et de son suppléant, méritaient-elles d'être rémunérées dans le cadre de contrats d'assistante parlementaire?
Entre 1998 et 2013, la discrète Galloise de 64 ans a perçu au total 613’000 euros nets au titre de contrats connus seulement de quelques proches.
Les Fillon, dont les avocats ont plaidé la relaxe, ont décrit des tâches certes majoritairement orales (être «les yeux et les oreilles» du député, «donneuse d'ordres» pour le courrier arrivé à leur manoir sarthois...) mais indispensables, selon eux, à la carrière de l'homme politique.
François Fillon s'est évertué à expliquer que le travail de collaborateur est d'autant plus varié lorsque celui-ci est le conjoint, pratique désormais interdite.
L'accusation estime au contraire que le tout relève «davantage du rôle social d'un conjoint d'élu» que d'un réel emploi d'assistant parlementaire, lequel est donc «fictif».