FootballExpulsé des États-Unis à cause d’un tatouage du Real Madrid
Gardien professionnel vénézuélien, Jerce Reyes Barrios a été envoyé dans une prison au Salvador. Il affichait un tatouage assimilé à un signe d’appartenance à un gang.

Jerce Reyes Barrios est accusé d'appartenir au gang Tren de Aragua en raison de son tatouage.
Instagram/jercereyesSi le Real Madrid fait généralement le bonheur de ses supporters, en continuant de garnir sa gigantesque armoire à trophées saison après saison, il a fait les malheurs – bien involontairement – de Jerce Reyes Barrios. Ce gardien professionnel vénézuélien, âgé de 36 ans, a été expulsé des États-Unis vers une prison du Salvador car il était considéré comme membre d’un gang. La preuve brandie? Un tatouage affiché sur son bras droit. Qui, selon son avocate, constituerait simplement un hommage au Real Madrid, club de cœur de son client.
Cette histoire rocambolesque prend racine avec le retour au pouvoir de Donald Trump. Le controversé président américain applique une politique dure en matière d’immigration. Dans cette optique, il a ordonné le week-end dernier le transfert de près de 250 Vénézuéliens accusés d’appartenir au gang Tren de Aragua – classé «organisation terroriste» par l’administration Trump – vers une prison du Salvador réputée brutale. Et ce en dépit de la procédure fixée par la justice américaine.
Parmi ces incarcérés de force se trouverait donc Jerce Reyes Barrios. «Sa famille a perdu tout contact avec lui et nous n’avons aucune information sur le lieu où il se trouve, ni sur son état de santé», s’alarme son avocate, Linette Tobin.
Torturé au Venezuela
Jerce Reyes Barrios est arrivé aux États-Unis à l’automne 2024 après avoir demandé l’asile. Linette Tobin affirme qu’il a été torturé au Venezuela pour avoir participé à deux manifestations contre le régime autoritaire de Nicolas Maduro. Il aurait ensuite effectué les démarches légales afin d’entrer sur le sol américain. D’abord retenu en Californie, il était soupçonné de faire partie du gang Tren de Aragua.
«L’accusation repose sur deux éléments, relate l’avocate. Premièrement, il a un tatouage sur le bras représentant une couronne surplombant un ballon de football avec un chapelet et le mot «Dios». Le Département de la sécurité intérieure prétend que ce tatouage est une preuve de son appartenance à un gang. En réalité, il a choisi ce tatouage parce qu’il est similaire au logo de son équipe de football préférée, le Real Madrid.»
Deuxième élément à charge: «Le Département de la sécurité intérieure a examiné ses publications sur les réseaux sociaux et trouvé une photo de M. Reyes Barrios faisant un geste de la main qui, selon eux, est une preuve d'appartenance à un gang. En fait, il s’agit d’un geste courant qui signifie «Je t'aime» en langage des signes et qui est couramment utilisé comme symbole du rock'n'roll».
Le tatoueur contraint de se justifier
Linette Tobin plaide la cause de son client en avançant qu’il «n'a jamais été arrêté ou accusé d'un crime» et qu’il présente «une expérience professionnelle stable en tant que joueur de football et entraîneur pour les jeunes». La femme de loi précise qu’ont été transmis aux autorités américaines «un certificat de police du Venezuela indiquant l’absence de casier judiciaire, plusieurs lettres d’emploi, une déclaration du tatoueur qui a réalisé le tatouage ainsi que plusieurs images montrant des tatouages similaires et expliquant la signification du geste de la main».
Malgré ces efforts, le Vénézuélien a été envoyé au Texas sans que lui et ses proches n’aient été avertis, juste avant son départ tout aussi inattendu pour le Salvador.
Par l’intermédiaire de sa porte-parole Tricia McLaughlin, le Département de la sécurité intérieure a réitéré sa position dans les colonnes du «New York Post». L’organisation en est sûre, Jerce Reyes Barrios est un membre du Tren de Aragua et cette conviction va «au-delà d'un simple tatouage», martèle-t-elle, se disant «confiante» à propos de ses conclusions.