Football: Un spectateur devient arbitre après une blessure

Encore une séquence qui va dans le sens d’Andy Warhol. En 1968, l’emblématique artiste américain avait affirmé qu’«à l’avenir, chacun aura droit à son quart d’heure de célébrité». Elian Demonçay peut en attester. Ce dernier ne s’imaginait pas se retrouver sur le devant de la scène lors de l’anonyme Dijon - Valenciennes de ce vendredi, un match de 3e division française auquel il assistait en qualité de simple spectateur.

La rencontre a pris une autre tournure lorsqu’un des deux juges de touche, Lucas Beckendorf, s’est blessé à une cuisse avant la demi-heure de jeu. Problème: à cet échelon, il n’y a pas de quatrième arbitre. Par conséquent, il a fallu recourir au système D pour lui trouver un suppléant. Le speaker du stade a alors passé une annonce afin d’inciter un membre du public à se porter volontaire.

C’est là qu’intervient Elian Demonçay. Âgé de 21 ans, cet étudiant en master de gestion de patrimoine se dévoue pour assurer l’intérim. Non sans s’appuyer sur une petite expérience du métier, lui qui officie en tant qu’arbitre central en Régional 1 (le 6e échelon national) et sur la touche jusqu’en National 2 (4e division).

Évidemment venu sans affaires adéquates, le jeune homme a récupéré celles du blessé. Dont ses chaussures, car, coup de chance ultime, il s’avère que tous deux possédaient la même pointure. Le temps que l’arbitre de fortune soit briefé, le match a pu reprendre après une interruption de seize minutes.

À l’arrivée, Elian Demonçay s’en est bien tiré si l’on s’en tient à l’absence de contestations auxquelles il a été confronté. Il a même été encensé au coup de sifflet final par l'attaquant Yanis Barka, auteur d’un doublé qui a permis à Dijon de s’imposer (2-1). «Ah c’était vous qui êtes rentré? C’est une bonne rentrée», lui a-t-il glissé selon les propos rapportés par le quotidien «Le Bien public».

De son côté, le principal intéressé a commenté sa folle (et inattendue) soirée au micro de «Ici Bourgogne». S’il concède avoir ressenti «un peu d’appréhension», il dit avoir vécu «une très bonne expérience».

L’entraîneur de Valenciennes, Vincent Hognon, ne partageait pas son enthousiasme. «C’est un championnat qui a besoin de devenir une Ligue 3. Appeler le cousin ou la cousine de quelqu’un pour venir arbitrer, je trouve ça un peu étonnant, ça me paraît lunaire», a-t-il déploré.