Un club de 3e division réalise un transfert à 40 millions

La multiproptiété des clubs est-elle un bien pour le football et les jeunes joueurs? L'avenir nous le dira. Mais en cette fin de semaine, le transfert de Sávio Moreira de Oliveira dit Savinho à Manchester City nous donne le parfait exemple du fonctionnement d'un ménage à trois.

L'organisation concernée est le City Group avec trois de ses filiales: Troyes (France), Gérone (Espagne) et Manchester City (Angleterre).

L’ESTAC Troyes, club historique du football français, vient de connaître deux relégations successives. Il va désormais évoluer dans le championnat français de National (3e division). En 2022, alors qu'elle était encore en Ligue 1, la formation de l'Aube avait recruté Savinho, âgé de 18 ans, en provenance de l’Atletico Mineiro au Brésil. Coût de la transaction: 6,5 millions d'euros.

En deux saisons, le Brésilien n'a pas joué la moindre minute pour l'ESTAC Troyes. Et ce n'est même pas une surprise. Il a tout d'abord été prêté au PSV Eindhoven (8 matches, 0 but), puis dans un deuxième temps à Gérone en Liga, où il a explosé sportivement (41 matches, 11 buts). Sa valeur marchande a également pris l'ascenseur jusqu'è 50 millions.

C'est donc très logiquement qu'un grand club européen a voulu s'attacher les services du jeune Savinho. Manchester City a décroché le gros lot pour - seulement - 25 millions d’euros, auxquels pourront s’ajouter 15 millions de bonus.

Jusque-là rien d'étonnant si ce n'est le prix de vente en dessous de celui du marché. En revanche, le fait que le City Group possède trois des quatre clubs dans lesquels a évolué (ou pas) le joueur, depuis son arrivée en Europe, fausse quelque peu la donne.

En 2022, c'est donc Troyes qui l'a acheté, car Manchester City déjà visé par le fair-play financier devait absolument éviter les dépenses inutiles. Les Citizens se trouvaient également face à une réglementation post-Brexit, qui ne permettait pas l'engagement de plus de trois joueurs étrangers de moins de 21 ans par période de transfert.

La collaboration au sein du groupe a fait que le Brésilien est resté dans le giron, qu'il s'est développé dans le championnat espagnol de première division, qui lui a servi de marche pied pour accéder à la Premier League. C'est tout bénéfice pour Gérone, Manchester City... et au final pour Troyes qui va récupérer une dizaine de millions d'euros sur cette transaction.

City Group a en quelque sorte fait passer l'argent d'une des ses poches à l'autre. C'est permis par l'UEFA, même si en termes de concurrences, c'est un peu limite.