Forma«J’ai la chance de faire ce métier et de réaliser mon rêve»
Forma part en tournée avec son tout premier spectacle. La chanteuse et humoriste valaisanne y raconte sa propre expérience.
En 2025, Forma (33 ans) part en tournée avec son tout premier spectacle «Formats». Priscilla Formaz, de son vrai nom, nous en parle entre deux répétitions au Théâtre du Crochetan (Monthey, VS) où aura lieu la première ce 11 janvier.
De quoi parle votre spectacle?
Mon spectacle parle d’amour de soi, de tous ces masques qu'on met et des différents formats dans lesquels on entre pour correspondre à ce que les autres attendent de nous, parce qu’on veut absolument qu’ils nous trouvent super. Et on se retrouve parfois à faire n’importe quoi. Ça parle de mon expérience: tout ce que je raconte dans ce spectacle est vrai. Ce sont toutes les fois où j’ai tellement voulu que tout le monde m’aime que je me suis un peu perdue.
Avez-vous un exemple de situation où vous avez l’impression d’entrer dans un moule pour plaire à quelqu’un?
J’ai très souvent entendu dans ma petite carrière musicale que quand tu étais une femme, c’était important que tu montres ton corps et mettes en valeur tes attributs. Des fois, pour faire plaisir aux gens qui s’occupent de toi, tu te conformes un peu à ce qu’ils disent. Et en même temps, à la Haute Ecole de Musique de Lausanne, j’avais une prof de chant qui me disait totalement l’inverse: «Si tu veux chanter, il faut mettre des cols roulés et des pantalons pour qu’on ne te juge surtout pas sur ton physique». Il faut avoir assez confiance en soi pour dire: «Je comprends ton point de vue, mais j’en ai un autre».
Est-ce rassurant ou un peu effrayant de parler de soi devant un public?
Pour moi, c’est hyper important d’être authentique. Quand on raconte sa propre expérience, on n’invente rien. C’est vrai que se dévoiler comme ça, c’est hyper flippant parce que c’est aussi rassurant de porter ces masques et de se fabriquer des personnages. Et quand on essaie d’enlever tout ça, on se retrouve un peu tout nu, tout perdu. Ça va être la première fois que je me montre aussi vulnérable. En même temps, c’est très émouvant et j’ai l’impression de me faire un beau cadeau et aussi aux autres. Je suis sûre qu’à la fin, je vais pleurer.
Vous êtes chanteuse et humoriste, c’est quand la première fois que vous vous êtes dit que vous vouliez faire de la scène?
J’ai l’impression que c’est depuis toute petite. Ma première scène, ça devait être à l’âge de huit ans. Je devais chanter devant tout le village un titre qui s’appelait «Le chien vert venu de Jupiter». À partir de ce moment-là, j’ai pris le virus. Je me suis rendu compte que c’était cool et que ça plaisait aux gens. J’avais l’impression de devenir quelqu’un parce qu’on me regardait et on me disait que j’avais été super. Et je suis un peu entrée dans cet engrenage. Et c’est exactement le sujet de mon spectacle, c’est marrant.
C’est quoi le premier concert ou spectacle que vous vous rappelez avoir vu?
Je viens d’un village extraordinaire en Valais qui s’appelle Orsières et qui organise tout le temps des comédies musicales. C’est tellement cool: tu avais tout à coup ton prof d'école ou ta baby-sitter qui devenait chanteur. J’ai vraiment des souvenirs extraordinaires de ces comédies musicales.
Vous souvenez-vous du tout premier sketch que vous avez écrit?
Oh wouah! Je m'en souviens très bien. J’avais été invitée dans une émission sur Radio Chablais pour parler de mon projet. Et ça s’était tellement bien passé qu’ils m’avaient demandé si je voulais revenir comme chroniqueuse. L’idée, c’était que je fasse des parodies de chansons. J’ai été engagée et à partir de ce moment, je faisais des chroniques musicales drôles. C’est là que ça a commencé.
À quel moment vous êtes-vous dit «J’ai envie de créer mon spectacle»?
Ça fait longtemps que je fais de la scène, mais ce sont soit des plateaux ou des galas avec beaucoup d’artistes, soit des premières parties. Il y a un côté un peu frustrant quand tu montes sur scène pour un quart d’heure et que tu dois repartir alors que c’est la fête. Je voulais avoir mon spectacle pour aussi prendre le temps de raconter les choses et entrer dans des thématiques plus profondes. Quand tu n’as qu’un quart d’heure, tu restes un peu en surface. En une heure et demie, tu as le temps de raconter plein de trucs.
Avez-vous des routines avant de monter sur scène?
Ce qui est difficile, c’est de rester dans le moment présent. Quand tu es sur scène, tu stresses et tu es toujours en train de penser au texte ou à la chanson suivante. J’essaie de me dire «Profites de chaque instant et des rires, sois dans le moment présent et ne réfléchis pas toujours au texte qui vient ensuite». Je pense que c’est plus une prise de conscience. J’ai la chance de faire ce métier et de réaliser mon rêve. C’est trop cool et je veux profiter de ça. Je ne voudrais pas arriver à la fin du spectacle en me disant que j’ai oublié d’en profiter!
Pourquoi avoir choisi de faire vous-même tous vos costumes?
Cette semaine, je me pose clairement la question, ça prend un temps! Ce qui est cool quand tu fais ton propre spectacle, c’est que tu as le droit de mettre tout ce que tu veux dedans. Et moi, j’adore fabriquer des déguisements. Je fais ça depuis que je suis gamine. Je pense que c’est une espèce de passion de carnaval valaisan qui est vraiment ancrée trop profondément en moi (rires). Du coup, j’ai toujours fabriqué mes costumes de carnaval ou pour des soirées déguisées. C’était une évidence que je crée mes costumes pour mon spectacle!