FrancePorts secondaires et largages: le trafic de coke se diversifie
Les autorités voient se multiplier les points d’arrivée de la drogue, alors que la consommation explose.

La technique du «drop-off» (ici au Salvador) se développe aussi au large de l’Hexagone
AFPLa mer est la voie royale pour importer la cocaïne en France. Premier port du pays, Le Havre a longtemps été sa principale porte d’entrée. Mais il n’est de loin plus le seul. Les trafiquants ciblent de plus en plus les ports secondaires, moins surveillés, du Nord, de Bretagne, voire de Charente. «Le trafic de stupéfiants n’est pas du tout monolithique ni monopolistique», résume l’économiste Clotilde Champeyrache. Selon elle, la concurrence entre organisations criminelles explique que chacune développe ses méthodes.
Les cargos ne sont pas les seuls moyens de transport. Des plaisanciers sont souvent recrutés. Selon un agent de terrain de la lutte antitrafic, «pas besoin d’avoir une capacité énorme: 400 kg de cocaïne sur un voilier, c’est extrêmement rentable». Le système dit du «drop-off» des ballots largués en mer, est très utilisé. Comme ces 700 kg, conditionnés et imperméabilisés en plusieurs dizaines de paquets, repêchés en 2023 au large de Fécamp (Normandie). La marchandise est équipée de balises GPS en vue d’une récupération par une embarcation locale, moins repérable. Et quand le stratagème capote, des ballots échouent sur les plages.
Face à ces nouveaux ressorts, l’agent anonyme déplore «des trous dans la raquette», avec des coupes budgétaires dans la lutte contre les trafics. «On a fermé beaucoup de services, notamment sur les côtes», regrette aussi le douanier. Selon une étude publiée en janvier, le nombre de consommateurs de cocaïne a presque doublé en France entre 2022 et 2023, pour atteindre 1,1 million de personnes.
Pêcheurs surveillés
Selon le fonctionnaire des douanes, les marins pêcheurs sont susceptibles d’être sollicités par les trafiquants. «On a des indices, ça reste des indices. Le monde de la pêche connaît des difficultés actuellement. Et, ce n’est pas un mystère, il est touché par la consommation de stupéfiants.» Une fois «le doigt mis dans la consommation» de stupéfiants-stimulants pour tenir les cadences, des pêcheurs risquent de se mettre «en lien avec des réseaux».