FranceRetailleau et Darmanin prêts à démissionner si Bayrou «cède»
Le Premier ministre fait face aux deux poids lourds du gouvernement qui se veulent sans concession sur les dossiers liés à l'Algérie et au port du voile dans le sport.

Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur (à gauche), et Gérald Darmanin, ministre de la Justice.
AFPLe Premier ministre français, François Bayrou, a recadré mardi ses ministres sur fond de cacophonie gouvernementale sur le port du voile dans le sport et de menaces de démission de deux poids lourds de son équipe, Gérald Darmanin et Bruno Retailleau.
Lors d’un petit-déjeuner à Matignon des soutiens du gouvernement, le Premier ministre a d’abord fustigé «des critiques internes inacceptables» entre ministres et promis d’y «mettre bon ordre», selon un convive. Dans la foulée, il a convoqué cinq ministres en désaccord sur l’interdiction du port du voile lors des compétitions sportives.
Selon un participant, François Bayrou a alors rappelé que «la ligne» du gouvernement était celle de la proposition de loi adoptée par le Sénat en février qui propose d’interdire le port de signes religieux, notamment le voile, dans l’ensemble des compétitions sportives, y compris au niveau amateur.
Borne s'oppose à Darmanin
Juste avant la réunion de Matignon, Gérald Darmanin (Justice) avait mis sa «participation» dans l’équipe Bayrou dans la balance. «On ne peut pas rester dans un gouvernement qui cède sur ces questions-là», avait-il dit au «Parisien». Son collègue de l’Intérieur, Bruno Retailleau, soutient ce texte et propose également d’interdire le port du voile aux accompagnants scolaires.
Mais Elisabeth Borne (Éducation) n’est pas d’accord et a estimé lundi qu’il était de la responsabilité des fédérations sportives de définir leur règlement interne, tandis que la ministre des Sports, Marie Barsacq, a exprimé à plusieurs reprises ses réserves, mettant en garde contre «les confusions» et les «amalgames» entre le port du voile et la radicalisation dans le sport.
Gérald Darmanin et Elisabeth Borne se sont déjà opposés par médias interposés sur le droit du sol, que le garde des Sceaux propose de supprimer.
«Riposte graduée» avec l'Algérie
Sur le dossier algérien, c’est Bruno Retailleau qui a menacé de quitter le gouvernement si celui-ci renonçait à un rapport de force avec l’Algérie pour qu’elle accepte de reprendre ses ressortissants en situation irrégulière en France.
«Si on me demandait de céder sur ce sujet majeur pour la sécurité des Français, évidemment que je le refuserais», a dit au «Parisien» samedi le locataire de la place Beauvau, qui multiplie les déclarations virulentes contre Alger, notamment depuis l’incarcération mi-novembre de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et l’attentat de Mulhouse en février.
Le ministre de l’Intérieur prône une «riposte graduée» au bout de laquelle il envisage une «remise en cause des accords de 1968» qui donnent un statut particulier aux Algériens en France en matière de circulation, de séjour et d’emploi.