FranceSans «ouverture à gauche», le PS votera «la censure» de Bayrou
Un conclave décisif entre sénateurs et députés sur le budget de la France se déroule ce jeudi à l'Assemblée nationale.
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Le Premier ministre François Bayrou devrait tenter de faire passer son budget avec un 49.3.
AFPUne étape cruciale, mais ne préjugeant pas du sort final du texte: sept députés et sept sénateurs se retrouvent jeudi à l’Assemblée nationale pour tenter de s’entendre sur une version commune du budget de l’État, examinée le cas échéant par les députés lundi, avec sans doute le premier 49.3 de François Bayrou. La Commission mixte paritaire (CMP) est dominée par la coalition gouvernementale, avec huit parlementaires issus de ses rangs. Une composition qui présage d’une issue favorable des débats, malgré des divergences de vue entre la droite et les macronistes.
Dans cette hypothèse, les conclusions de la CMP seront examinées dans l’hémicycle de l’Assemblée lundi et au Sénat mardi. Faute de majorité à la Chambre basse, le Premier ministre devrait faire usage du 49.3, pour faire adopter le texte sans vote. S’exposant pour la deuxième fois à la censure des députés. Le négociateur PS de la CMP Philippe Brun a d’emblée mis la pression, en prévenant que faute «d’ouverture à gauche» jeudi, «il y aura censure» du gouvernement la semaine prochaine.
«Cela avance plutôt bien»
Les négociations entre le gouvernement et le parti à la rose, engagées depuis plusieurs semaines, s’étaient interrompues mardi après la sortie de François Bayrou sur «le sentiment de submersion» migratoire selon lui ressenti par les Français. Jeudi, le président du Sénat Gérard Larcher a appelé le groupe de Boris Vallaud, chef des députés socialistes, à la «responsabilité». «Est-ce qu’on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?», a-t-il interrogé.
Au sein du socle commun aussi, les discussions se sont poursuivies pour trouver un terrain d’entente. Les deux chefs de file des discussions en CMP, le rapporteur général du Budget au Sénat Jean-François Husson (LR), et le représentant des députés Renaissance David Amiel, ont multiplié ces derniers jours les rendez-vous pour accorder leurs points de vue. «Cela avance plutôt bien, il reste quelques ajustements, mais les choses sont bien engagées», s’est félicité mercredi M. Husson, escomptant que la copie issue de la CMP permette au gouvernement de réduire le déficit à 5,4% du PIB, au prix d’un effort budgétaire de 50 milliards d’euros.
«Personne, aucun groupe politique n’est totalement satisfait par ce budget»
Parmi les sujets les plus clivants au sein du socle commun, l’Aide médicale d’État réservée aux étrangers en situation irrégulière, dont la droite souhaite voir les crédits diminuer de 200 millions d’euros, contre l’avis de la ministre du Budget Amélie de Montchalin et de nombreux macronistes. Les socialistes en font même «une ligne rouge» absolue. In fine, la version commune proposée par MM. Husson et Amiel devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.
Le président de Renaissance Gabriel Attal, qui avait souhaité après la chute de Michel Barnier que la majorité sorte de la tutelle du Rassemblement national, a, lui, apporté mercredi son soutien à François Bayrou dans sa recherche d’un accord avec les socialistes. «Personne, aucun groupe politique n’est totalement satisfait par ce budget. C’est peut-être la preuve qu’il y a une forme de compromis», a-t-il jugé.