Affaire Hanouna«Est-ce que vous m’accusez? Taisez-vous!», s'emporte Mélenchon
Alors que ses lieutenants ont reconnu une erreur à la suite de la brève publication du visuel polémique sur Hanouna, Jean-Luc Mélenchon crie au complot d'extrême droite.

De l’antisémitisme? «Pourquoi ça serait de l’antisémitisme? Ça suffit!», a répondu Mélenchon.
AFPSes lieutenants venaient d’effectuer à l’unisson un rare exercice d’autocritique sur l’affiche de La France insoumise représentant Cyril Hanouna. D’un tonitruant «Taisez-vous», Jean-Luc Mélenchon a fait voler en éclats la communication de son parti et relancé les interrogations sur sa stratégie.
Le plus dur était fait. Après cinq jours de polémique, le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, et la cheffe des députés Insoumis, Mathilde Panot, ont fini par reconnaître dimanche matin «une erreur»: avoir utilisé l’intelligence artificielle pour créer un visuel. En l’occurrence, celui montrant le visage de Cyril Hanouna, d’origine juive tunisienne, en noir et blanc, sourcils froncés et grimace agressive.
Erreur, voire défaillance
Censé battre le rappel des manifestations du 22 mars contre le racisme, il a surtout déclenché un tollé et de nouvelles accusations d’antisémitisme contre la formation de gauche radicale. Raison pour laquelle l’image a aussitôt été retirée, afin «qu’il n’y ait aucune ambiguïté sur ce sujet», a fait valoir Bompard.
Déjà, les jours précédents, plusieurs cadres Insoumis avaient plaidé une «maladresse» comme Eric Coquerel et Manon Aubry, ou une «défaillance» comme Paul Vannier. Un début de contrition collective, destiné aussi à apaiser le malaise qui s’est fait jour en interne, à l’instar du député apparenté Aymeric Caron, déplorant les «communications catastrophiques qui se multiplient».
«Ça suffit!»
Mais pour Jean-Luc Mélenchon, pas question de faire amende honorable. Une erreur? «Pourquoi vous me posez cette question? De quel droit? Qui vous êtes? Vous m’accusez? Est-ce que vous m’accusez? Alors, taisez-vous!», a répliqué le triple candidat à la présidentielle au journaliste qui l’interrogeait dimanche midi sur France 3. De l’antisémitisme? «Pourquoi ça serait de l’antisémitisme? Ça suffit! Ça suffit maintenant!», a-t-il encore tonné, juste avant que l’émission se termine.
La colère en guise de réponse, signe d’une «fuite en avant» selon Jérôme Guedj, ancien protégé de Jean-Luc Mélenchon du temps où celui-ci était sénateur socialiste de l’Essonne (les deux hommes ont depuis rompu avec fracas). «Je le connais par cœur, ça puait la fausse indignation», affirme l’actuel député PS, convaincu que son ex-mentor «veut jouer la victimisation», quitte à entacher du soupçon d’antisémitisme les rassemblements contre le racisme organisés avec plus de 200 autres organisations.
Un comble, d’autant que l’événement pourrait être l’occasion d’une grande réunion avec les socialistes, les communistes, les écologistes et une partie des syndicats.
«C’est l’illustration que tout ce que LFI touche à gauche, ils l’abiment»
«C’est l’illustration que tout ce que LFI touche à gauche, ils l’abiment», insiste Guedj, convaincu que «l’entêtement» du patriarche Insoumis «montre que ce n’est pas une erreur, mais une stratégie assumée de transgression» dirigée vers «un électorat arabo-musulman» supposé «sensible à ce type de clin d’œil antisémite».
Un choix peut-être délibéré, mais discuté jusque dans les rangs mélenchonistes. «Est-ce que l’objectif, c'est de gagner en 2027?», se demandait ainsi un député Insoumis avant même la dernière fureur du grand chef.
«Jean-Luc est très rationnel», veut croire cet élu. De deux choses l’une, donc: «Soit il pense que c’est nécessaire aujourd’hui pour asseoir sa candidature», mais dans ce cas, «à deux ans de l’échéance, il serait temps de passer à la phase suivante».
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