FranceUn psy avait fait de ses patientes des «esclaves sexuelles»
Le tribunal a condamné un psychiatre hospitalier marseillais à 12 ans de prison pour des viols et agressions sexuelles sur quatre femmes.

Le prévenu officiait au sein de l’Assistance publique – Hôpitaux de Marseille, à Sainte-Marguerite.
AFPAccusé de viols sur plusieurs patientes, dont il avait fait ses «marionnettes», Marc A., psychiatre hospitalier marseillais, a été condamné à 12 ans de réclusion criminelle vendredi par la Cour criminelle des Bouches-du-Rhône, qui lui a accordé le bénéfice de l’altération du discernement en raison de sa bipolarité.
Une peine bien moindre donc que les 18 ans de réclusion requis par l’avocate générale, Vinciane de Jongh, qui avait demandé aux cinq magistrats professionnels de la Cour d’Aix-en-Provence d’écarter pour l’accusé le bénéfice de sa maladie.
«Perversité du système»
«Quand on voit son mode opératoire bien rodé, la perversité du système mis en place, j’ai la conviction qu’au moment des faits, il n’avait pas son discernement altéré», avait insisté la magistrate, selon qui le médecin «conditionnait» ses proies «pour les amener à un état de dépendance maximale». Comme l’avait par contre demandé la magistrate, la Cour a condamné le médecin, aujourd’hui âgé de 52 ans, à un suivi socio-judiciaire de cinq ans à sa libération, avec injonction de soins, avec trois ans de prison supplémentaires si ces soins n’étaient pas respectés, et à une interdiction définitive de l’exercice de la médecine.
Le bénéfice de l’altération du discernement réduit d’un tiers la peine encourue par un accusé. Dans ce dossier, la peine maximale qui pouvait être infligée à Marc A. passait donc de 20 ans à 13 ans et trois mois. Psychiatre au sein de l’Assistance publique – Hôpitaux de Marseille, à Sainte-Marguerite, ce praticien, en détention provisoire depuis octobre 2020, était jugé pour viols sur trois de ses patientes et agression sexuelle sur une quatrième.
«J’étais tétanisée»
Atteintes de bipolarité, de schizophrénie ou dépressives, ces femmes particulièrement fragiles avaient toutes évoqué devant les enquêteurs leur état de sidération: «J’étais comme un robot, comme une marionnette», avait insisté l’une d’elles. S’il était rapidement apparu à ses patientes comme «un sauveur», elles étaient aussi rapidement devenues ses «esclaves sexuelles», ont témoigné les trois victimes de viols cette semaine.
À la quatrième séance, «il commence à me déshabiller», a ainsi raconté jeudi la plus jeune des parties civiles, une étudiante à l’époque âgée de 19 ans: «J’étais tétanisée, sortie de mon corps. Quand il en était à la culotte, j’ai dit: "Non, arrêtez!". Mais il a continué, je suis ressortie de mon corps». Se décrivant sous «emprise», la jeune femme était allée jusqu’à scarifier ses cuisses, «pour lui envoyer un signal visuel de ce qu’elle n’arrivait pas à verbaliser». Sans résultat, jusqu’à ce 8 mai 2020, quand elle a réussi à poster un message sur le portail de la police nationale contre les violences sexistes et sexuelles. «Il ne m’a pas forcée physiquement, il a juste profité de ma faiblesse», a concédé une autre victime, aujourd’hui âgée de 28 ans, que le médecin conduisait régulièrement à l’hôtel.
«Il est malade»
Dans sa plaidoirie vendredi matin, Me Christophe Pinel avait axé la défense de son client, «un homme à terre», sur sa bipolarité, précisant qu’il n’entendait aucunement remettre en cause la parole des «victimes, à super-protéger»: «Vous ne pouvez pas balayer cette réalité, il est malade. Et vous ne trahirez ni le dossier ni les victimes». Dans un coup de griffe à l’employeur de Marc A., l’avocat a également reproché à la direction de l’AP-HM d’avoir «laissé les psychiatres laver leur linge sale en famille, seule la police (ayant) réussi à percer les murs de l’enceinte de l’hôpital».
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