Fribourg: vaste escroquerie au faux travail démantelée

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FribourgDes employés fictifs dans une coquille vide, une vraie arnaque

Le Ministère public vient de condamner une série de personnes impliquées dans une vaste escroquerie, utilisant de faux travailleurs et de fausses entreprises.

Les travailleurs interrogés ont été incapables de citer le moindre chantier auquel ils auraient participé (image d'illustration).

Les travailleurs interrogés ont été incapables de citer le moindre chantier auquel ils auraient participé (image d'illustration).

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La magouille est complexe et très bien ficelée. Via le système du payrolling (lire encadré), des employés fictifs étaient engagés par une société de construction, via une boîte de travail temporaire. Ils remplissaient de fausses fiches d'heures, pour lesquelles ils étaient payés par la société de travail temporaire. Mais, ensuite, l'entreprise de construction n'honorait aucune facture. Et pour cause, il s'agissait d'une simple «coquille vide», estime le Ministère public de Fribourg.

Pour commencer, les travailleurs ont été incapables de dire où et quand ils auraient travaillé pour la société de construction. Ils ne savaient pas non plus où se trouvaient ses éventuels chantiers. De plus, ils travaillaient déjà pour une société de construction métallique et les deux jobs cumulés auraient représenté bien plus qu'un 100%. Enfin, l'adresse du siège de l'entreprise fictive n'existe pas et, bien que le gérant affirmait bosser comme sous-traitant pour d'autres sociétés, aucun contrat n'a été retrouvé.

La caisse de chômage bernoise aussi touchée

Un premier travailleur fictif, payé indûment 14'000 francs, a été condamné à 90 jours de prison avec sursis et à 1000 francs d'amende. À noter que ce Kosovar de 39 ans avait déjà des antécédents. Un an plus jeune et venant également du Kosovo, une femme a, quant à elle, été condamnée à 90 jours-amende, avec sursis, et 800 francs d'amende, pour avoir touché 11'200 francs avec cette arnaque. Une troisième personne, un trentenaire belge, a encore été condamnée, pour la même pratique. Il a écopé de 60 jours-amende avec sursis et 600 francs d'amende. Il avait empoché indûment 7500 francs.

Une quatrième personne vient encore d'être condamnée pour avoir, soi-disant, travaillé avec les mêmes entreprises. Mais cette fois, c'est le chômage qui a trinqué. Lié à l'affaire du scandale d'Unia, son cas a été défendu par un secrétaire syndical véreux. Cette Kosovare de 31 ans a touché, sans droit, plus de 13'500 francs de la caisse bernoise. Elle a écopé de 90 jours-amende avec sursis et de 1000 francs d'amende. À noter que les responsables et gérants des entreprises impliquées dans cette vaste fraude, ainsi que le syndicaliste, seront jugés séparément.

Le payrolling, c'est quoi?

En Suisse, on parle de payrolling, dans le cas d'une entreprise voulant recourir à la force de travail d'une personne salariée, mais ne souhaitant pas l'engager elle-même. Elle demande alors à une autre entreprise de l'engager et de la mettre à sa disposition. La deuxième entreprise assume ainsi les fonctions d'employeur, telles que le versement du salaire, le décompte et le paiement des cotisations aux assurances sociales. Au final, elle facture à la première entreprise le salaire du travailleur, ainsi que les charges administratives.

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