GenèveFronde contre des crèches «au rabais»
Gauche et syndicats lancent un référendum contre une récente modification de loi qui réduirait les salaires dans certaines structures. La droite dit vouloir éviter des fermetures.

Les référendaires doivent déposer 5500 signatures d’ici au 11 septembre.
Getty Images/iStockphoto«Il y avait un garde-fou, ce garde-fou vient de tomber», a dénoncé lundi Valérie Buchs, secrétaire syndicale au SIT. L’organisation, ainsi que les partis de gauche, d’autres syndicats et des associations professionnelles, s’opposent à une modification de la loi sur l’accueil préscolaire, votée fin juin par le Grand Conseil, à majorité de droite.
«Il faut que le métier soit attractif»
Ce changement législatif met fin aux «usages professionnels» qui, lorsque des crèches ne sont pas municipalisées ou l’objet d’une convention collective de travail, imposent une grille salariale et des conditions de travail. Cela concerne 45 structures (sur un total de 214, selon les chiffres de l’Office cantonal de la statistique pour 2022, ndlr.), d’après la gauche et les syndicats, qui lancent un référendum. «Avec la modification légale, ces usages voleraient en éclats au profit du salaire minimum», pointent-ils.
Le salaire minimum s’élève à 24 francs l’heure, tandis qu’une aide en crèche touche, selon les «usages», plus de 27 francs, et une éducatrice ou un éducateur plus de 35 francs: «Le salaire minimum, c’est pour aller vers le haut, pas vers le bas», souligne Sophie Demaurex, députée socialiste. «Pour trouver du personnel qualifié, il faut que le métier soit attractif», a recommandé le comité référendaire, qui craint ainsi pour la qualité de l’accueil.
Empêcher les fermetures, selon le PLR
«Le but de cette modification législative est d’empêcher que des crèches ferment», répond Diane Barbier-Mueller, députée PLR et première signataire du projet de modification. Selon elle, les «usages», introduits en 2022, «s’alignent sur les pratiques de la Ville de Genève», que ne peuvent se permettre des structures privées. «L’an passé, entre 7 et 12 ont fermé», affirme la libérale-radicale.
Le salaire minimum serait «un prix plancher», qui s’appliquerait aux auxiliaires en formation, pas aux éducatrices pour qui «on reviendrait à la situation de 2019, où ce ne serait que trois à quatre francs de moins par heure. Le personnel était moins payé, mais tout autant qualifié.» Car il n’y a pas que le salaire, explique la députée: «J’ai auditionné des personnes qui avaient quitté la Ville pour aller dans le privé, car elles avaient des avantages en nature, des possibilités d’évoluer ou de tester de nouvelles méthodes d’éducation.»