GenèveColère contre «une école-prison» au sein d'un centre d'asile
Des organisations ont lancé une pétition contre les conditions de scolarisation, jugées scandaleuses, dans le futur centre fédéral du Grand-Saconnex.

Le Département de l'instruction publique promet un enseignement de qualité dans le futur centre du Grand-Saconnex.
BBK AGUn projet «intolérable» qui «viole les droits les plus fondamentaux» des enfants: les opposants à la scolarisation des 4-15 ans à l’intérieur du centre fédéral d’asile (CFA) du Grand-Saconnex sont fâchés. La structure, qui doit accueillir 250 demandeurs d’asile en attente de décision ou de renvoi, va ouvrir en août. Vingt-huit requérants seront scolarisés à la rentrée dans ce centre.
Ecoles «surchargées»
Dans une réponse à un député le 19 mars, le Canton invoque la «surcharge actuelle des écoles avoisinantes», ainsi que la prise en charge similaire des écoliers dans les autres CFA du pays. Par ailleurs, les autorités mettent en avant le caractère transitoire du séjour dans le centre: «Le dispositif prévu tient compte de la présence temporaire des familles dans le centre (50 jours en moyenne, mais au maximum 140 jours), qui seront ensuite orientées vers les différentes structures cantonales en Suisse», a indiqué le Conseil d’Etat dans une communication.
Conditions «proches du carcéral»
Mais cette décision fait face à une levée de boucliers. Vendredi, une majorité du Grand Conseil a accepté de renvoyer à l’Exécutif une résolution socialiste contre ce projet. Ce mardi, 33 organisations syndicales et collectifs du milieu de l’asile et de l’insertion ont lancé une pétition réclamant notamment au Conseil d’Etat de renoncer à ce qu’ils appellent «une école-prison» et de scolariser ces enfants dans des établissements ordinaires. Aude Martenot, membre de la Coordination asile, a dénoncé les futures conditions de vie «proches du carcéral» dans ce lieu situé à côté de l’aéroport et de l’autoroute, avec des requérants soumis à la pollution de l’air et aux nuisances sonores.
Du préfabriqué
De son côté, Dario Lopreno, représentant des syndicats SIT et SSP, a pointé le fait que ce projet de centre est connu depuis 2016: «Dix ans, c’est beaucoup plus de temps qu’il n’en faut pour mettre en place des conditions de scolarisation», a-t-il estimé. Le manque de places dans des écoles avoisinantes «est un faux problème» selon lui: il est possible d’avoir recours à des bâtiments préfabriqués de qualité et pas forcément au Grand-Saconnex, mais plus loin, avec la mise en place de transports gratuits.
«Contraire au droit»
Pour Marc Morel, coprésident de la section genevoise de la Ligue suisse des droits humains, la décision du Canton «est contraire au droit», en particulier à la loi sur l’instruction publique et aux constitutions genevoise et fédérale, entre autres. «L’intérêt de l’enfant est d’aller à l’école ordinaire et de fréquenter d’autres enfants», a-t-il insisté, ajoutant: «Un critère de durée de séjour ne permet pas de violer les droits de l’enfant.»
Les pétitionnaires se donnent environ un mois, jusqu’au 15 mai, pour la récolte de signatures: «Nous pensons encore qu’on peut faire reculer le Conseil d’Etat.»