Genève décide de virer les pendulaires des parkings

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Mobilité (GE)Genève décide de virer les pendulaires des parkings

L’Etat va résilier les abonnements dans ses ouvrages des automobilistes autres que les habitants des quartiers.

Leïla Hussein / Jérôme Faas
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Leïla Hussein / Jérôme Faas
La Fondation des parkings ne délivrera plus d’abonnement aux pendulaires, sauf exception. Ici, le parking souterrain de la plaine de Plainpalais.

La Fondation des parkings ne délivrera plus d’abonnement aux pendulaires, sauf exception. Ici, le parking souterrain de la plaine de Plainpalais.

TDG

Le gouvernement ne veut plus que les Genevois et les frontaliers viennent au travail en voiture. Il a donc annoncé hier qu’il allait résilier courant 2021 les 1880 abonnements accordés aux pendulaires dans les parkings du centre contrôlés par l’État. Plus globalement, les tarifs mensuels des 7700 places qu’il possède vont s’envoler, sauf ceux destinés aux habitants, qui seront adoucis.

«L’objectif est d’éviter l’utilisation exagérée du réseau routier, dont la congestion paralyse l’économie», a justifié hier le conseiller d’État Serge Dal Busco. Les pendulaires sont indésirables, et il n’est pas prévu de leur offrir plus d’espace en périphérie. «On n’en a pas besoin. Ils peuvent changer de mode de transport. Il existe aujourd’hui des offres alternatives», a expliqué l’élu, pensant notamment au Léman Express.

Privés d’abonnements au centre (sauf exceptions justifiées, par exemple pour les handicapés ou les travailleurs de nuit), les pendulaires pourront néanmoins utiliser leur voiture au coup par coup. Les tarifs à la journée dans les parkings citadins passeront d’environ 35 francs les dix heures à 20 francs. Surtout, «on va inciter les habitants, qui résident dans un rayon de 300 mètres, à stationner dans les parkings en ouvrage à un tarif très réduit», soit 150 francs par mois, a expliqué Damien Zuber, directeur de la Fondation des parkings. Quant aux titulaires de macarons, qui paient 200 francs par an pour utiliser les places en zone bleue de leur quartier, ils seront aussi soignés. Ils jouiront des nuits, des samedis et des dimanches à 1 franc. Quant aux heures de journée, elles leur seront facturées de 50 centimes à 2 francs selon les lieux, «pour libérer de la place en surface».

Le Léman Express doit suivre

Les réactions à ces mesures s’échelonnent de très positives à prudentes. La gauche les salue. Ainsi le co-président du PS, Romain de Sainte Marie, s’extasie-t-il de la résiliation des abonnements des pendulaires. «Waw! Le message est super fort. La mesure va dans le bon sens. Elle fait encore plus qu’encourager, elle incite les gens à opter pour des moyens de transports collectifs ou doux. En revanche, il faut accompagner ces mesures et pas simplement laisser les travailleurs se retrouver dans une situation intenable. Il faut renforcer les actions de mobilité douce. Je pense notamment à ce qui a été fait avec les pistes cyclables.»

Le son de cloche est identique du côté des Verts dont la présidente, Delphine Klopfenstein Broggini, juge que la mesure «va dans la bonne direction. On doit réussir à faire la transition des transports individuels aux collectifs comme avec l’arrivée du Léman Express, même s’il ne se déploie pas sur l’ensemble du canton. Le centre ne doit pas aspirer les voitures. Il faut pousser les gens à utiliser un autre mode de transport.» La qualité des alternatives à la voiture préoccupe ainsi le président du PLR Bertrand Reich. «Pour que cela ait un sens, il faut que le Léman Express puisse fournir ce qu’on attend de lui et que l’offre des TPG soit fonctionnelle. Sinon on va juste piéger les gens et ce n’est pas le but.»

Le TCS satisfait

Même François Membrez, le président du TCS, voit d’un bon oeil la décision du Conseil d’Etat. «La stratégie correspond à notre proposition: protéger les habitants qui possèdent un macaron et les commerçants en garantissant à leurs clients un accès privilégié aux magasins. Ce qui nous inquiétait, c’était qu’on pousse les clients des commerces vers des zones périphériques, ce qui n’est pas le cas. Par conséquent, nous sommes satisfaits des mesures.»

«Démotoriser les habitants»

La hausse globale des prix des parkings pour les pendulaires, compensées par une baisse pour les habitants, suscite des avis plus mitigés. Romain de Sainte Marie considère qu’il s’agit «d’une très bonne chose, car il y a une grogne des habitants et je les comprends.» Bertrand Reich, lui, s’inquiète du poids financier de la mesure pour certains. «Autant je comprends l’objectif poursuivi, autant je pense que ce n’est pas le moment de rajouter des contraintes et des coûts à la population.» Quant à Delphine Klopfenstein Broggini, si elle estime pertinent de différencier pendulaires et locaux, elle préférerait que tout soit fait pour décourager tout usage de la voiture, où que les automobilistes résident. «Il faut travailler sur la démotorisation des habitants. En ville de Genève, un habitant sur deux n’a pas de voiture. Dès le moment où le parking est moins cher, ça devient attrayant et je suis plutôt pour la politique du pollueur payeur.»

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